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Alan Durand

Chargé de production de Cadré, programme mettant en images les artistes dans des décors atypiques du Mans.

Interview Publié le 25/03/2022

Qui es-tu ?

Je suis réalisateur/monteur à la Cité du Film, et pour le projet « Cadré », je suis chargé de production. Je suis originaire du Mans, j’ai étudié le cinéma à Rennes et Paris, et je suis revenu en 2013 pour préparer un documentaire. Et finalement, je suis resté, c’est mon ter-ter. Et j’ai envie de faire des choses ici. En plus d’être cinéphile, je suis très inspiré par l’univers de la musique et du sport. Rien à voir, c’est comme ça. Allez le MUC !

Quel est ton rapport à la musique ?

Depuis tout petit, je suis très sensible à cet univers. Je suis très pop, pop/rock, rock. Dans la pop, je mets pas très loin, la chanson française et même la variété. Évidemment, comme toute notre génération, l’accessibilité à la musique streamée m’a permis de découvrir et apprécier plein d’autres genres musicaux, notamment dans ce magnifique trou noir qu’est la musique électronique. La musique populaire brésilienne aussi… On s’y perd, mais il y a tellement de qualité qui sort maintenant, on s’en réjouit. Clin d’œil à Loâzo qui est un ami et qu’on a pu filmer, dont j’admire l’univers riche et précis à la fois.

Quel regard portes-tu sur l'évolution de la scène musicale mancelle ? 

Si je suis honnête, on a un peu l’impression que c’est qualitatif, voire très qualitatif, mais un peu confidentiel. Sans doute que je ne connais pas assez le milieu pour émettre un avis 100% légitime, mais c’est parfois le regard que je porte. Je me dis : « ça c’est cool, ça mériterait une exposition autre qu’une musique de niche ». Et en même temps, la plupart des projets qui se font ici sont sincères, avec des univers singuliers, les artistes suivent leur intuition, pas là pour plaire à tout prix. Il y a un aspect quasi punk/DIY qui me plaît bien.

À propos de Cadré, peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?

Le projet vient d’une envie commune de Philippe Le Guillou, réalisateur, monteur, et Arthur Beuvier, directeur artistique, à l’époque où ce dernier travaillait à Radio Alpa. L’idée était de proposer des concerts dans le studio de la radio, en mode KEXP. Finalement, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus intuitif. Puis il y a eu un pilote réalisé avec l’artiste Numerals&Letters, en coproduction avec Av Factory une société de production mancelle, et le résultat était franchement enthousiasmant. C’était tourné sur le chantier de l’actuelle Brasserie Septante-Deux, il y avait un côté indus’, c’était très visuel. C’est après ce tournage-là que les gars m’ont proposé d’assurer la partie prod’.

Quel est le concept ? En quoi se distingue-t-il d'autres contenus audio-visuels ? 

Le concept, c’est de filmer des live d’artistes musicaux hors les murs. Dans des lieux insolites du Mans et de la Sarthe, qui ne sont pas fait pour accueillir de la musique. Finalement, avec la covid, on a été amenés à filmer dans des salles de concert, notamment avec Superforma sur les Starter Live Sessions, mais maintenant on veut revenir à cette idée de délocaliser la musique en dehors de l’espace scénique. On a tous un rapport intime avec la musique, alors imaginer des espaces, des scénographies, des lumières et des ambiances pour la mettre en scène, c’est plutôt kiffant. Il y a beaucoup d’autres projets déjà existants et dont on s’inspire : la blogothèque, KEXP, Sourdoreille, qui font des très belles choses. Et en même temps, ce qu’on fait, personne d’autres le fait, pas ici, pas avec ces artistes, ça nous ressemble et on va cultiver ça.

Comment êtes-vous structurés ? Recevez-vous des aides ? 

Notre association s’appelle La Peau de l’Ours, on est soutenus par des collectivités et des fonds d’aide spécialisés. On a suivi le dispositif Trajet, à l’échelle régionale l’année dernière, c’était chouette de se confronter à d’autres projets, pour certains plus avancés, et d’échanger avec des passionnés. C’est comme ça qu’on a rencontré Blossöm Theory, et ça va accoucher d’un projet commun qui sort bientôt. (Captation live de Yve Bay, ndlr).

Quels ont été vos meilleurs et pires moments vécus sur un tournage Cadré ?

Il n’y en a pas vraiment. Ni dans un sens, ni dans l’autre. En fait, je crois qu’on a tous kiffé le tournage avec Sergueï Spoutnik car Teriaki, c’est des copains, et on admire leur travail depuis des années. On s’est tous bien entendus sur la DA. Et le résultat nous plaît beaucoup.

Avez-vous des objectifs à venir ?

On veut continuer à se structurer, trouver notre identité en continuant à filmer des artistes locaux, mais aussi des artistes extérieurs qui passent au Mans, en tournée, voire les faire venir entre deux dates. Investir un peu plus la Sarthe, on est restés très centralisés, je suis sûr qu’un tournage en campagne, l’été, soit très nature, soit dans un village, ça peut être top. Il faut qu’on sorte un peu de notre zone de confort.

Le lieu et l'artiste que tu rêverais de filmer !

On a un gros kink sur Dominique A. On est tous d’accord là-dessus. Après sur d’autres artistes, ça discute, on n’est pas toujours d’accord. Personnellement, j’adorerais faire Lesneu, c’est à notre échelle, et il a un vrai univers. Sinon Odezenne, c’est très pop/chanson française, et pareil, ils ont leur univers, je me demande ce que ça donnerait une collab’ avec eux.

Quels projets avez-vous en dehors de Cadré ?

On a tous nos vies à côté, et chacun avance dans les milieux de la télé, du cinéma, du théâtre. Par exemple Arthur va travailler au Quai à Angers sur des pièces de Thomas Jolly. Philippe travaille avec Arte en montage. Léo Boisson, un cadreur avec qui on bosse, réalise un documentaire sur François Tanguy. Pour ma part, je développe un court-métrage de fiction autour de l’ancien Stade Léon Bollée, en cours de destruction. Et aussi un documentaire dont le tournage a commencé, sur le MSB, avec pour angle l’imaginaire américain : comment les joueurs ricains qui passent ici s’adaptent-ils à la vie mancelle ? Et comment se passe la cohabitation avec les jeunes joueurs français qui font le chemin inverse et rêvent de NBA ?

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