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Interview d'Outrage pour la sortie de leur album "Pavillon Noir"

Interview Sortie de disque Publié le 14/04/2022

OUTRAGE vient de sortir PAVILLON NOIR le 8 avril dernier ! On a pris le temps d'en savoir plus sur le parcours de ce groupe et la genèse de ce nouvel opus en échangeant avec Yves Barré, batteur du groupe.

Ça fait quoi 25 ans de Punk Rock ? C'est quelle partie du corps qui vieillit le plus ?

Ahahaha! Tu commences fort ! En vrai, nous sommes immortels et nos instruments vieillissent plus vite que nous… Bon après si on y réfléchit bien, peut-être qu’il faut commencer à faire gaffe  à nos oreilles et aussi un peu au dos.

Le line up est-il le même depuis 25 ans ? Comment avez-vous réussi à durer ?

La base du line up est la même mais il y a eu quand même quelques changements depuis 1996 (notamment chez les cuivres). Le plus récent changement étant le départ de Rictus qui était un membre fondateur d’Outrage ! C’est Fouancis, notre bassiste (membre fondateur aussi) qui l’a remplacé.

Le secret pour durer c’est de garder la notion de plaisir en ligne de mire tout le temps ! Ne pas céder à la pression (d’un tourneur par exemple)… Garder une liberté totale d’expression artistique (Autoprod). Rétrospectivement, je crois que notre statut d’amateur nous protège vraiment ! Pas de question d’argent entre nous. Pas de notion de résultat non plus… Juste l’envie de prendre et donner du plaisir !

Quels ont été tes moments les plus fous ? Les plus durs dans la carrière d'Outrage ? 

- Les plus fous :

- Notre 1er concert en ouverture de SKA P à l’Oasis… On sortait tout juste du lycée, c’était comme si on faisait un stade de France. On l’avait préparé à fond, c’était la première fois qu’on se préoccupait de la mise en scène.

- La première date en Allemagne. Après 14h de route… Jouer à l’étranger sur un énorme Open Air avec une orga et un public très cool ! Mémorable.

- Sinon, il y a eu plein de moments fabuleux ! Les 10 ans d’Outrage au Forum Jeune avec Archive, les 20 ans d’Outrage au Ferrailleur, les dates où nous avons croisé des groupes mythiques (Fishbone par exemple…).

- La Ferme de Hauterive où les organisateurs ont installé une tyrolienne entre le bar et la scène pour pouvoir nous payer des verres pendant le concert.

- Et tellement d’autres moments…

- Les plus durs :

- Lorsque le tourneur « Follow Me » nous a planté à une semaine de la sortie de l’album Court-Circuit. Plus de concerts pour accompagner le disque.

- À chaque fois qu’un distributeur de disques à coulé ! Nous avons dû nous battre pour récupérer nos stocks auprès des mandataires judiciaires. On est même allé chercher les cartons dans l’entrepôt à Paris, juste avant les saisies d'huissier !

- Certains organisateurs malhonnêtes qui n’ont pas voulu nous payer…

- Des plans où on nous a dit de dormir par terre (à 10 heures de route de chez nous)…

- Sinon chaque départ d’un membre du groupe, c’est comme une séparation. Même si on est potes, ça fait toujours peur de s’éloigner de ses amis (Miam, Niclos, Yanou et aussi plus récemment notre ex-chanteur Rictus…). Car Outrage c’est avant tout un super moyen de rester connecter ensemble !

Où et comment avez-vous enregistré cet album "Pavillon Noir" ? Quelle place prend-il dans la discographie d'Outrage ? Maturité ? Retour aux sources ? Continuité ?

Pendant le 1er confinement 2020 on s’est tous équipé en matos… La plupart des prises ont été enregistrées chacun chez nous, à la maison ! On a quand même été en studio pour faire certaines prises (notamment les voix…). On a même enregistré les chœurs de « Au revoir à bientôt merci » dans les loges d’un concert. En gros, on s’est complètement libéré de la contrainte du temps (car en studio, c’est facturé à la journée) et de l’espace (pas de studio fixe). C’était la 1ère fois qu’on faisait ça. Sur les précédents disques, nous sommes toujours allé en studio pendant un temps donné. Dans la méthode, l’autre grand changement c’est qu’on a confié la Direction artistique et le mixage à Askwell. Notre ingé son live. C’était son 1er vrai projet donc pour lui aussi, il y avait un challenge à relever. Et punaise ! On est pas déçu… Il a vraiment fait un boulot de dingue…

C'est quoi ton morceau préféré de l'album ?

Musicalement, je les aime tous… Il me rendent fier car vu le contexte Covid et le départ de Rictus qui était chanteur mais aussi et surtout compositeur, nous avons réussi à rebondir ensemble et à poser précisément toutes nos envies sur supports ! En gros, le retour du chant en français, de riffs cuivrés sur du punk rock, des textes engagés sans être moralisateurs et une énergie dont le seul but est de faire bouger les gens en concert !

Après sentimentalement, j’adore l'École de nos Gosses car nos femmes, nos enfants et nos potes chantent dessus (c’est une première) ! Énergiquement, j’aime Allergique à l’Effort  et Petit Chef ! Poum Tchak Poum Tchak ! Mélodiquement, La Menace sort du lot…Bref, je ne suis pas objectif du tout.

Vous avez parcouru l'Europe, des festivals aux lieux alternatifs ... Est-ce que vous vous sentez européens ? C'est quoi pour vous qui lie toutes ces nationalités ? 

A fond, A fond, A fond ! On aime l’Europe et toute sa richesse, son patrimoine, ses cultures, ses langues… Même si, pour être franc, en tournée, notre vision est certainement très limitée. Comme tu le dis, on voit essentiellement des lieux alternos… Et nous n’avons pas trop le temps de découvrir le reste. Après on fait des superbes rencontres à chaque date ! Et puis on voyage tous beaucoup en dehors d’Outrage… Et essentiellement en Europe. On se sent proche du slogan européen utilisé dans les années 2000 « Unité dans la diversité » ! A contrario, le dernier Slogan « Relance, Puissance, Appartenance » nous donne juste envie de vomir ! Mais heureusement, ceux qui font les slogans ne sont pas ceux qui créent la richesse, notamment culturelle, de L’Europe.

Quelle relation particulière avez-vous avec l’Allemagne : vous préparez une tournée là-bas ? Comment Outrage est-il accueilli ? La réaction du public ? 

Oui nous serons en tournée du 20 avril au 2 mai inclus ! Nous avons un tourneur allemand qui travaille très bien depuis plusieurs années. À chaque fois, nous découvrons des lieux et nous retournons dans des salles dans lesquelles nous avons déjà joué. Parfois, il y a un ou deux gros festivals au milieu de la tournée (comme le Querbeat Festival cette année)… Outrage est très bien accueilli.. Les guitares saturées mélangées au cuivre, ça plait beaucoup… Je ne sais pas si c’est la fraicheur d’être un groupe étranger ou si les Allemands sont friands de découvertes mais le public est toujours super accueillant avec nous. Même si la plupart des gens ne connaissent pas nos morceaux… À chaque tournée allemande, on fait de belles rencontres, on revoit des visages qui reviennent nous voir… Bref, on a maintenant un bon réseau dans ce pays.

Le line up est-il le même depuis 25 ans ? Comment avez-vous réussi à durer ?

La base du line up est la même mais il y a eu quand même quelques changements depuis 1996 (notamment chez les cuivres). Le plus récent changement étant le départ de Rictus qui était un membre fondateur d’Outrage ! C’est Fouancis, notre bassiste (membre fondateur aussi) qui l’a remplacé.

Le secret pour durer c’est de garder la notion de plaisir en ligne de mire tout le temps ! Ne pas céder à la pression (d’un tourneur par exemple)… Garder une liberté totale d’expression artistique (Autoprod). Rétrospectivement, je crois que notre statut d’amateur nous protège vraiment ! Pas de question d’argent entre nous. Pas de notion de résultat non plus… Juste l’envie de prendre et donner du plaisir !

 

C'est quoi la méthode de composition d'Outrage ?

Nous avons un grand bassin avec des dauphins dedans ! On y jette des boules en plastique avec des petits papiers dedans. Le dauphin doit nous ramener une boule bleue, une boule verte et une boule mauve ! Les boules bleues c’est pour le sujet que nous abordons dans nos textes. Les boules vertes ce sont les grilles d’accords et les mauves ce sont les rythmiques. Une fois que nous avons un sujet, une grille d’accord et une rythmique, nous avons 18 minutes et 22 secondes pour écrire le morceau et l’enregistrer. Voilà pourquoi notre musique est très spontanée !

En vrai, il n’y a pas vraiment de recette miracle… Chacun est libre d’apporter ses idées, ses envies ! On expérimente, on construit, on garde, on jette… Y a pas vraiment de règle. Si on passe trop de temps sur un plan, on le met de côté… Si tout le monde bouge la tête, on sait qu’on tient quelque chose et on creuse.

Que pensez-vous de la création musicale en France de nos jours : musique et engagement politique ont-ils encore une place en 2022 ?

Même si le covid a mis 2 années entre parenthèses, depuis quelques années, nous avons le sentiment que la scène française est très inspirée, qu’elle sait se renouveler et qu’elle se porte incroyablement bien. Beaucoup de groupes alternatifs remplissent des salles sans passer par les grands médias et ça c’est super ! Même si la concurrence est rude, les canaux de diffusion actuels permettent de trouver une audience directe avec les fans. Certains exploitent merveilleusement bien ces nouveaux usages liés à la diffusion numérique. Avant, un groupe sortait un clip par an… Maintenant c’est 1 par semaine ! Donc oui, la création se porte bien ! Et encore une fois, je ne parle pas des 5 ou 6 artistes de variété qui squattent les grandes ondes radios du matin au soir… Je parle bien de notre scène alternative en France.

Concernant l’engagement des artistes, le contexte ambiant alimente forcément le discours des chanteurs… Et puis, historiquement, le Rock et les convictions (qu’elles soient politiques ou non) sont intimement liés…  Un groupe possédant une audience et un micro a la possibilité de faire passer des messages. Dans Outrage, nos textes sont engagés, ils reflètent ce que nous sommes mais ils ne sont pas moralisateurs ! Car on ne pense pas que les gens viennent à nos concerts pour entendre « fait ceci » ou « ne fait pas cela »… Au contraire, nous voulons qu’un concert d’Outrage soit comme une grande bouffée de Liberté ! Même si, évidemment, notre public doit forcément se retrouver dans les valeurs que nous véhiculons !

Quel message à envoyer aux jeunes artistes ?

Déjà, faites-vous plaisir ! N’ayez pas peur d’oser ! De diffuser vos chansons au plus grand nombre ! Ne soyez pas gênés de vous produire sur scène ! Soyez curieux, posez des questions à votre entourage et à des professionnels pour apprendre et gagner du temps. Et puis surtout (et c’est très vrai dans OUTRAGE), il n’y a pas besoin d’être un virtuose de la musique pour vivre des expériences inoubliables !

Comment évolue la scène musicale, culturelle du Mans selon toi ?

Depuis l’arrivée du Silo, le changement a été énorme ! Maintenant les groupes se connaissent. Ils partagent leurs expériences et les esthétiques sont complètement décloisonnées. Quand nous avons débuté, il y avait des rivalités entre les genres (Reggae, Punk, Metal…). On se croisait très peu et on se jaugeait pas mal. Tout ça a complètement disparu et c’est tant mieux… Il y a beaucoup de groupes très talentueux au Mans !

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