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Nuit Gaby – Nuit Gaby

Chronique Publié le 23/01/2020

On ne sait pas vraiment ce à quoi renvoie le terme de Nuit Gaby dans l’imaginaire manceau. Une nuit de pleine lune, soufflée par le vent et peut-être une pluie, qui se déploie fine et tendre, sur un décor de bord de mer. Les années 80. Un groupe d’adolescents qui glissent contre l’horizon en se tenant par la main, lookés à la manière de l’époque, caban et jean, cheveux flottants. Une fenêtre est ouverte sur le passé et permet, dans un coin de la carte postale, d’accéder au présent.

Nuit Gaby, le groupe, est une curieuse machine à voyager dans le temps. Le chant est cafardeux, nostalgique et comme caché sous des synthés aériens et planants. Il se dégage de l’ensemble l’idée d’un passé englouti, amoureux et éternel, d’un secret dissimulé dans les plis de l’histoire. On pense moins à Bashung et Murat qu’au premier (et dernier) album des Occidentaux, aux anglais de The Declining Winter, Motorama pour le cafard, à la synth pop agile et fébrile de Vagina Lips. Soleil Blanc est beau à pleurer. Sur le Sable agit comme un mirage. Cette musique exprime l’idée qu’étirer l’instant pour tromper le temps qui passe est la seule manière de s’en tirer. C’est à la fois extrêmement mélodramatique, aussi raffiné que triste. Nuit Gaby, c’est un paradoxe, finit ce magnifique EP avec le soleil dans la poche et du sable sous les yeux.    

Benjamin