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Rencontre avec Loâzo

Interview Publié le 21/04/2021

Rencontre avec l’artiste électro Loâzo avec qui nous avons pu échanger sur son dernier EP « Albine » et sa fascination pour les musiques traditionnelles et les langues régionales.

Quel est ton rapport à la musique en tant que batteur qui est passé aux machines ?

En tant que batteur j’ai pu jouer dans beaucoup de genres différents (métal, jazz funk, ateliers jazz, rock indé). Dans mon dernier groupe j’avais plein d’idées d’arrangements mais le leader aussi donc j’avais assez peu d’espace de création et j’ai voulu travailler avec des machines pour m’épanouir dans la compo. Je suis surtout intéressé par le travail rythmique. Mes références sont celles de la scène électro anglaise : 2step, UK garage, drum & bass … Mais aussi des musiques traditionnelles et l’étude de l’ethnomusicologie. Mon premier track étant basé sur des chants indonésiens. Il y a beaucoup d’inspiration trad’ dans l’électro : dans le footwork on trouve du 3/2 mélangeant ternaire et binaire ce que l’on retrouve sur le titre Montagne Noire issu de mon dernier EP «Albine».

Quels sont les avantages et inconvénients d’être solo avec des machines ?

À Paris, on a sorti un EP en 2014 avec Jacques sur le label Cosmonostro, on a composé quatre morceaux en partant dans la campagne près de Strasbourg. On avait tous les deux de l’intérêt pour des sons concrets dans l’usage des morceaux. À la réécoute de cette collaboration, c’est bien d’être deux. On est plus riche, il y a un rebond sur les propositions, quand on est en panne d’idées on se nourrit de l’autre. Il avait un apport sur la partie mélodique que je maitrise un peu moins bien. Idem pour la scène. C’est chouette pour le public, il voit ce qui se joue en direct, on occupe mieux l’espace scénique… et sur le côté tournée en duo ça doit être plus sympa aussi. Mais j’aime pouvoir maîtriser tout le processus de composition donc…

Quelle est ta façon de composer ?

Avant je partais de rien sur Ableton… pas de preset ou template établis. Tout était très différent d’un morceau à l’autre mais je partais de 0 à chaque fois. Maintenant j’ai plus de machines, et je pars des sons issus des autres morceaux. Cela donne une base de départ. Parfois je commence par les accords, j’ajoute une mélodie… d’autre fois cela part du basse-batterie. Mon set up : Electron Machine Drum qui sert de boîte à rythme et qui permet de sampler des tout petits extraits. Une Digitone Electron qui rend la synthèse fm assez accessible et qui est très polyvalente : il y a quatre pistes de synthés plus quatre pistes pour envoyer du midi sur les autres machines. Sur scène j’ai un Polyend Tracker qui me sert à contrôler les autres machines.

Parle nous de ton nouvel EP ?

J’ai créé la jaquette tout seul dans un esprit DIY, l’idée de base c’était de faire apparaitre une nouvelle image : le visage de Loâzo avec une tête déformée sur un corps d’oiseau. L’idée est issue d’un concert où on a mis en place une déco avec une amie avec des Loâzos en suspension. ALBINE c’est le lieu ou j’ai composé dans le Tarn. J’ai donc ajouté une carte ancienne à mon visuel. Cet EP c’est une interprétation imaginaire de ce territoire. Il n’aurait probablement pas sonné pareil si je l’avais fait ailleurs.

Comment imagines-tu ton show en live ?

Ce n’est pas encore totalement abouti. J’aimerais continuer avec l’idée des oiseaux suspendus et ma tête découpée. Avec une imagerie pastorale pour coller à l’esprit. Je vais surement penser à des moments de vidéos dans le set car c’est mon métier et je voudrais pouvoir appuyer la scéno avec ce support, sans que cela écrase non plus l’expérience du concert. J’ai envie d’emmener le public, que ce soit prenant, pour compenser le manque de musiciens sur scène.

Ta prochaine création ?

J’ai un attrait pour les langues en général. Une fascination pour les voix chantées, harmonisées, et les accents. J’ai failli faire un mémoire sur l’évolution des accents français depuis les années 50 quand j’étais aux Beaux Arts. Sur mon 1er EP, on trouve les voix de mes parents, des archives de cassettes avec ma voix enfant. Dans « ALBINE », j’ai intégré un peu d’Occitan Languedocien issu de la région où j’ai composé. Depuis plus d’un an j’ai découvert des groupes qui reprennent des musiques traditionnelles occitanes… j’aime cette démarche. On se dit souvent qu’on n’a pas de musiques traditionnelles, que nous sommes déracinés. Souvent on les prend de haut, tout comme les langues régionales sont généralement peu considérées. Cela manque beaucoup dans le paysage musical français. Je suis allé fouiller dans le label Pagan Records (San Salvador, Sourdure, Super Parquet…) j’ai découvert toute une communauté qui s’appuyait sur ce patrimoine. Et cela fait sens quand on vit dans un département rural. Il y a moyen de faire une musique qui soit à la fois urbaine et rurale… d’où l’idée d’appliquer ce process aux musiques électroniques.

Récemment j’ai découvert le fond sonore de l’Hommedaire, le patois sarthois, et mon prochain EP sera directement en lien avec ce patrimoine. Je cherche une personne qui pourrait réciter du patois durant le spectacle. Je pourrais sampler cela en direct et travailler cette matière.

> Si quelqu’un connaît quelqu’un qui … contactez-moi : loiseauromain@gmail.com