Matthieu Souchet, du groupe Turfu
Matthieu Souchet forme avec Raphaël Decoster « Turfu », un duo futuriste qui relève avec simplicité le pari de mêler les rythmes dansants de l’accordéon et les répétitions abstraites de l’électronique. Le 14 mai prochain, nous aurons le plaisir d’accueillir aux Saulnières, la première édition de leur Teknibal, fête hybride entre bal trad et électro. Rencontre…
Turfu, c’est né où et quand ?
On s’est rencontré avec Raph’ en 2014 au Portugal dans un camp de musicien.ne.s qui s’appelle Ethno : le principe c’est de se retrouver entre de musicien.ne.s de plein de pays du monde dans un endroit donné et de monter en une semaine un répertoire de morceaux trad’ de son pays, les arranger et partir en mini-tournée. On a mis un peu de temps à commencer Turfu, entre 2014 et 2017 on a juste échangé sur internet parce qu’on habitait dans des pays différents… De fil en aiguille, on s’est retrouvé en 2017 et on a commencé à créer les compositions pour jouer dans le festival “Andancas” dans lequel on s’était retrouvé en 2014 au Portugal.
Vous avez joué Turfu pour la première fois dans un Festival de danse traditionnel, comment vos morceaux ont été accueillis ?
Ce qu’on proposait était complètement nouveau. On a joué deux fois sur le festival, et entre le premier et le deuxième passage, les gens se sont vraiment passés le mot et ça a explosé quoi. Parce que c’était vraiment différent dans la programmation, même les gens qui nous avaient programmé étaient hyper enthousiastes !
Turfu sur scène, ça se traduit comment ?
C’est un peu hybride. On ne fait pas de musique traditionnelle, ce sont vraiment des compositions originales, il n’y a pas de répertoire trad’ . Il y a des choses qui peuvent avoir des connotations avec des références mais on ne l’affirme pas du tout. Ce n’est pas notre démarche. On enchaine pas mal les morceaux pour avoir une dimension plus DJ set.
Après un EP en 2019 (« Espace Fraicheur ») et un premier album « Astrale Nouba », vous avez commencé à réfléchir en 2021 au Teknibal. Comment est né le concept ? Est-ce que c’était en réponse à un manque, un format que vous ne trouviez pas ailleurs ?
Il y a un peu de ça effectivement mais aussi le fait que souvent, quand on se retrouve avec Raph’ dans les bals trad’, on est un peu les troubles fêtes. Quand les concerts s’arrêtent, on est souvent à l’initiative d’afters où on peut passer beaucoup de morceaux hors trad’, où on propose des choses qui sortent un peu du cadre, ça s’est un peu imposé à nous naturellement ! Dans le cadre de notre résidence annuelle avec Paul B à Massy, c’est le projet qu’on a voulu y développer. Notre sortie de résidence c’était le Teknibal en fait ! Il n'a malheureusement pas pu avoir lieu à cause du Covid.
Aussi, il y a un engouement en ce moment autour des nouvelles musiques traditionnelles dites “neo-trad”, beaucoup de groupes émergent mais il existe peu de festivals qui les référencent ou de salles qui mettent ces groupes sur le devant de la scène. Notre souhait avec le Teknibal, c’est de pouvoir rendre visible les musicien.ne.s qui proposent ces esthétiques musicales.
Ça permet également de faire découvrir ces musiques à un nouveau public, et sortir de l’imaginaire “musique folklorique”...
Nous on se frotte souvent à la connotation “l’accordéon, c’est de la musette”, surtout en France. C’est pas du tout le cas dans d’autres pays où le trad’ est très présent. Nous, on a un vrai problème avec notre tradition en France. Et c’est ça que je trouve super chouette avec des groupes comme “Cocagne” ou “San Salvador”, il y a une mise en avant de ces groupes là et on voit que les gens se rendent compte qu’en fait c’est cool !
Teknibal #1 aura donc lieu au Mans, peux-tu nous en dire plus sur le programme de la journée ? Comment a été construite la programmation ?
Pour la construction de la programmation, notre point de départ c’est Turfu : une hybridation des genres entre l’électro et le trad’. L’idée c’est d’inviter des groupes soit néo-trad’ ou soit très trad’, et aussi des projets complètement électroniques. Et de proposer une progression tout au long de la journée en partant de trad’ pur et dur pour arriver à un gros groupe de techno qui clôture la soirée, et d’emmener le public avec nous dans cette transition. On retrouvera : Ciac Boum, de la trans pure et dure du Poitou, Jaçira qui vient plutôt de la musique électro mais qui emprunte à la musique d’Amérique Latine ; le Mange Bal qui propose une passerelle entre le trad et l’électro ; La Mal Coiffée, un groupe qui fait de la transe occitane, puis Turfu et enfin Dombrance pour clôturer la soirée, là on est sur de la musique très électro…
Après l’édition n°1, qu’est-ce que vous envisagez pour la suite du Teknibal ?
L’idée du Teknibal c’est pour l’instant une espèce de soirée sous forme de mini festival, puis de vendre le concept à des salles qui auraient envie d’accueillir le festival chez eux. À priori, la deuxième édition va arriver plus vite que je le pensais, en Septembre en région parisienne …