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Interview

Tu Brüles Mon Esprit

Publié le 29/05/2018

Véritable hommage aux compilations des années 80, TU BRÜLES MON ESPRIT digère à sa façon les standards de la variété Française. De Joe Dassin à Marc Lavoine, en passant par Eddy Mitchell ou Johnny Halliday... « Gabriel chante Gabrielle », rencontre avec le chanteur de T.B.M.E.

À la demande du groupe, cet entretien a été retranscrit en écriture inclusive.

Quel est le concept de « Tu Brüles Mon Esprit ? »

En quelques mots, on fait de la digestion de variété française à base de coulés rock. En quatuor : guitare, clavier, batterie et moi- même au chant. On réinterprète des standards de la chanson française avec de préférence des titres évidemment très connus. On ne fait pas de reprises, on « digère ». Parce qu’il n'y a ni la mélodie originale, ni l'enchaînement couplet/refrain et jamais l'intégralité des paroles. Y'a un réagencement des lyrics aussi.

 

Vous vous connaissiez avant ?

Oui. On a tous-tes joué dans d'autres groupes avant. Chacun-e a peut-être dix ans de musique derrière lui, voire même un peu plus pour certains. Guillaume (guitare) joue dans MONNOCLE, LLAMamE LA MUERTE, GUNS'N'GÄNSEBLÜMCHEN... Nanar (batterie) était dans MICHEL PLATINIUM, MARÉE NOIRE (Avec le chanteur de SYNDROME 81) et aussi BETTER OFF DEAD. Kroquette (clavier) avec BETTER OFf DEAD et TAENIA. Moi j'ai joué dans d'autres groupes mais peut-être plus anonyme. Dans des groupes de Punk, de Oi !... C'était y'a plus de dix ans. On a enregistré quatre titres aux Saulnières avec AGITATION PROPAGANDE. Ça se trouve sur internet. Ça faisait quelques années que je ne faisais plus de musique, c'est une reprise en partie liée à la force de persuasion de Guillaume. Il m'a emmené dans sa folie et a su me mettre en confiance. Il ne fallait pas trop me pousser non plus.... Le point de départ, c'était le duo guitare-batterie, ils répétaient justement des trucs assez répétitifs avec des morceaux assez longs. Un soir comme ça, il me dit : « Ah bah on a un concert dans deux semaines en Bretagne, il nous faudrait un chanteur, tu vas voir c'est facile, tu auras un delay sur ta voix, tu répéteras un mot pendant vingt minutes... Viens ça va être bien ! » Je me suis dit OK et ça s'est fait. Vingt cinq minutes de concert avec un seul morceau. Au départ ce n’était pas évident de monter sur scène en se disant « Attends mais on n’a rien bossé, on n’a rien foutu. On a un truc hyper minimal, les gens vont se casser. » Mais après, tout se joue sur une forme d'ambiance. Kroquette est arrivée plus tard. On répétait à Angers et on lui a proposé de venir. Elle a joué directement le soir avec nous. Kroquette avec son synthé elle apporte vraiment une touche, elle joue une basse et une mélodie. Tu enlèves le synthé, c'est beaucoup plus sec. Lors du premier concert, ils ont joué un deuxième titre que je ne connaissais absolument pas... Pendant tout le morceau je n'étais pas dedans, je cherchais la fréquence et le bon ton... ce n’était pas évident. Tu Brüles, c'est une grosse blague complètement improvisée au départ.

L'enregistrement des quatre titres a permis de fixer certaines choses ?

Oui, surtout au chant. Parfois j'essaye même de m’en détacher, mais y'a un côté confort là-dedans. Sur un morceau de neuf minutes, si tu ne l’enregistres pas, tu n'as pas forcément de repères. Tu ne peux pas compter les temps, il faut être attentif aux appels, aux changements... Il y a des choses qui fonctionnent mieux que d’autres. On faisait une répète pour un concert, voir une répète pour deux. Il y avait surtout un bon feeling ! Pour la musique, ils étaient déjà calés et savaient où ils allaient... « Nous on joue et c'est Gaby qui fait le reste. »

Où avez-vous enregistré ?

En Vendée, vers Montaigu, avec Antoine du studio Corner Box. C'était hyper bien, il y avait une mezzanine avec couchages et cuisine, nous étions vraiment immergé-e-s pendant deux jours. On voulait juste enregistrer, sans se mettre la pression. Guitare- Batterie en prise live, claviers ensuite et on a fini avec les prises voix. J'étais encore dans cet esprit “d’impro”. Compréhensif, Antoine m'a dit de prendre mon temps. J'ai fait ça à l’instinct et ça a finalement bien marché. Par exemple sur « Je n'ai jamais été indien», c'est quasiment une prise complète. Sur « Dix ans de chaînes », deux prises. Ça a été assez rapide. Ce qui était dur, c'était de garder ma voix, car je pars parfois dans les aigus et force sur certaines parties. Illes ont découvert ce que je chantais, parce que, en condition concert ou répète, on s’entend différemment ... C’était une bonne surprise.

Pourquoi sortir ça sur vinyle ?

Pour la pochette, l'objet quoi ! Nous ne voulions pas faire de CD. La photo a été prise par Ruddy Guilmin, au Lézard. Dessus, illes sont en noir, moi en blanc. Pour mettre une distinction entre le mec qui chante et le reste des musicien-ne-s. On voulait jouer la- dessus. Après quelques essais, on a fait ce truc avec les mains, le regard... Dans les années 80, les “Master Series” étaient des Best- Of, que tous les artistes sortaient. Comme Léo Férré, Renaud et bien d’autres... Tant que ça marche ! Nous, c'est un “Best-Of” des grands noms : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Joe Dassin et Marc Lavoine. Comme la pochette est assez caricaturale et qu'elle dénote, certaines personnes disent : « Moi j'aime pas du tout, mais j'en achète un parce que la pochette, avec la charte graphique, vos ganaches... ». C'est un faux coup de marketing, c’est de l’autodérision.

 

Comment se passe le choix des morceaux ?

On échange mais y'a des vétos sur certains artistes : Sardou par exemple. « Gabrielle », c'était évident. Moi je m'appelle Gabriel. « Couleur Menthe à l'eau » est venu naturellement. J’adore. Avec Joe Dassin, on s’est dit qu’il fallait taper fort. « L'été Indien » avec cette intro parlée, ça collait. Tout le monde connait : « Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue », ça marchait aussi. On a de nouveaux titres avec Françoise Hardy « Message personnel » « Au bout du téléphone, il y a votre voix. Et il y a des mots que je ne dirai pas. Tous ces mots qui font peur quand ils ne font pas rire... » Le texte est lourd. Elle dit « Je suis seule à crever ». Tout le monde connaît le refrain « Si tu crois un jour que tu m'aimes... ». On a aussi Véronique Sanson - « Besoin de Personne ». Si tu es né dans les années 70-80, tu as forcément bouffé du Mylène Farmer : « Pourvu qu'elle soit douce » est une chanson osée et libertine. Au bout du compte, je ne sais pas s’il y a un vrai choix, ce sont des réminiscences. Si ça tilt et que les paroles nous parlent... Les gens ne reconnaissent pas toujours, mais moi je sais ce que je chante ! Pourquoi on le fait ? Parce qu’on s'amuse et ça nous fait bouger, on « détonne » certainement. C'est ni dans un esprit potache, ni dans un esprit trop sérieux... Après le fait qu'on joue sur des scènes plus DIY et indé, c'est notre éthique à nous. On fait du “Non-Profit” : nous sommes défrayé-e-s et les petits cachets c’est pour le matos ou payer les répèt'. Notre esprit ce n’est pas d'en faire un métier mais il faut reconnaître que parfois c’est fatiguant de bosser la semaine et de faire les concerts le week-end.

Et ce qui se passe dans le 72 ?

Je suis un peu déconnecté de la scène sarthoise... mais connais les différents groupes de Guillaume ! Je trouve que c'est assez calme dans le punk / punk-rock... C'est l'impression que ça me donne. NO TIME TO LOOSE était super cool et ramenait du monde. J'ai vu que l'Utopitre fermait. C'est dommage. Illes faisaient venir de super groupes. Je vais rarement voir les artistes dans les grandes salles je préfère les bars... J'ai fait pas mal de concerts entre 1995-2005, il avait ce truc de génération, ce truc de bande qui s'entraîne. C'est un âge de la vie. J'ai l'impression de sentir moins ça aujourd'hui. Il y a peut-être moins de concerts ? Je ne sais pas ce qui a changé, je me pose la question...

Pour enregistrer, c'est beaucoup plus simple aujourd'hui... Avant, quand tu enregistrais, c'était hyper rare. Aujourd'hui ça s’est démocratisé. Moi je trouve ça positif. C'est génial, il y en a pour tous les goûts. Chacun y trouve son compte. Après au niveau des lieux, je dirais le Lézard : animateur de la découverte rock sur Le Mans. Les concerts sont gratos en plus, c'est important. Radio Alpa avec les émissions Vertiges et Panopticon, on essaye d'amener des choses que tu n’entends pas forcément autre part... La MJC Prévert et les concerts “Alpa On The Rock” qui animent la scène rock mancelle. Le Barouf, aussi. Même s’il ne propose pas de concerts très rock, c'est un choix. Les soirées Funk Soul sont hyper cool.


Vos projets pour la suite ?


Sur le vinyle, il n’y a que des mecs qui chantent pour des nanas... Donc on s'est dit on aimerait bien faire un 33 tours spécialement féminin. D'où Mylène Farmer, Véronique Sanson et Françoise Hardy... On y va franco ! C’est encore un projet, il n’y a rien de précis en termes de date de sortie. Pourquoi pas aussi faire un album de duos ? Ce sont des idées.
Parfois Guillaume, me voit dans des mises en scène, dans des costumes en peau de tigre... Mais moi je ne suis pas d'accord, j'ai encore mon libre-arbitre ! Tu vois les délires que ça peut générer... On triche pas, on n’interprète pas des rôles, c’est nous sur scène. Un article est paru sur Gonzai, ça nous a ouvert quelques dates, c’est l’effet boule de neige. Tu as une visibilité donc les gens écoutent, ils veulent te faire venir... Honnêtement, c'est une escroquerie ! Déjà “Tu Brüles Mon Esprit”. Dans le même temps, c'est pas une blague, c'est sans prétention et faut que ça le reste. Il y a que les exigences qu'on se fixe : pour qui on joue, pourquoi ... On fait la musique à notre manière et avec qui on veut. Mais pas à n'importe quel prix : on ne cherche ni la gloire, ni l'argent. Et c'est comme ça que tu es libre dans la musique.

Presumption

Publié le 28/05/2018

Fort de plusieurs EP et de quelques dates à travers l’Europe, Presumption fête ses dix ans d'existence en 2017. Rencontre avec Anaël, batteur et fondateur de ce groupe désormais incontournable dans la scène metal sarthoise.

Comment s’est formé le groupe Presumption ?

Mômes, on avait un groupe qui s’appelait Asylum, c’était “metal”. On faisait quelques dates et même une petite tournée dans l’ouest organisée par une MJC du coin. Mon frère Moomoot avait 15 ans, j’en avais 17 : c’était une belle première expérience. Seul, j’ai eu quelques projets dans différents styles (chanson française, reggae, jazz…) mais ça a toujours été un ou deux concerts. Et puis, avec Moomoot, on voulait rejouer ensemble, donc on a monté Presumption. 

On va fêter nos dix ans cette année. Presumption a démarré en 2007 avec MooMoot au chant, puis également à la basse, suite au départ de notre bassiste en 2010. On faisait pas mal de répètes, quelques concerts, mais on a rien enregistré : on s’éclatait sans prétention. La première démo est sortie en 2012, année où Marvin est arrivé dans le groupe à la guitare et où le line-up s’est stabilisé. On a alors enchaîné pas mal de concerts, un nouvel EP en 2014 “From Judgment to the Grave” un peu plus pro, enregistré dans un vrai studio du côté de Caen, le Swan Sound Studio. Des belles chroniques ont suivi et davantage de concerts. Depuis 2014, on tourne dès qu’on peut : on a joué en Espagne, en Irlande et aux quatre coins de la France. Presumption a partagé de belles scènes avec Mars Red Sky et Headcharger par exemple... 

Notre dernier EP “Ancestral Rites” a été enregistré chez Syncope Management l’année dernière. On essaye maintenant de passer à la vitesse supérieure. À l’étranger, on a été super bien accueillis et le public était présent - sauf sur une date en Espagne où on s’est retrouvés devant sept personnes dans une énorme salle… En Irlande, c’était un peu différent, plus mitigé, avec des gens un peu plus froids, pas très réactifs pendant le concert, super sympas après le show… Même au stand merch, ils achètent des trucs !
Depuis quelques mois, on a tous quelques projets en parallèle, toujours metal. La machine est lancée, on répète beaucoup moins. Ça tourne et on a envie de faire autre chose à côté. Mais  on oublie pas pour autant Presumption, qui reste notre projet principal. 

Comment se passe les phases de compositions ? Que pouvez-vous nous dire sur ce nouvel opus ? 

Pour la composition, c’est totalement collectif. Même si ça arrive que les guitaristes apportent un riff ou deux et qu’on brode autour. On discute beaucoup pendant les séances de composition, il y a une interaction totale. Mais bien souvent, ça part de “jams”, en totale improvisation. On enregistre nos répètes aussi et on réécoute pour finalement garder certains trucs. On ne compose pas pour le studio, tout est posé bien avant. Pour la grande majorité des morceaux, on préfère roder les morceaux en live, comme ça se faisait dans les années 70. On peut mesurer la réaction du public et entendre les critiques. Ensuite seulement, on enregistre. 
On a longtemps réfléchi à donné une ligne directrice à nouvel opus, puis on a laissé tomber. Notre musique mélange trop d’influences différentes ! Il y a du “doom” (le doom metal se distingue par des tempos plus lents, des accordages de guitares plus graves et des sons plus lourds et plus épais, NDLR) mais aussi ce côté plus frais et groovy du “stoner” et du son 70’s. On écoute tous chacun un peu de tout et on apporte notre pierre à l’édifice. On est des gros fans de Black Sabbath évidemment, mais aussi de Cathedraal, Pentagram, Saint Victus… 

Pour les textes, c’est le plus souvent Moomoot qui s’en occupe. Grossièrement, dans les trois premiers EP, on parlait de déviance humaine au sens large : les tueurs en série et des choses comme ça. Sur l’album, on a un morceau qui parle de la fin du monde et d’une guerre atomique, certainement le morceau le plus politisé de Presumption. Il y a aussi un poème qu’un ami a écrit et qu’on a mis en musique, titre inspiré d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe… Un peu de tout quoi ! (rires)
On va enregistrer l’album au studio de La Forge qui est tenu par Gorgor, le batteur de Phazm. On le connaît bien, il fait vraiment du bon travail et a su développer sa propre marque de fabrique. C’est un super studio, accessible financièrement et humainement. 

Et en concert, ça donne quoi Presumption ?

En live, on a travaillé tout un jeu scénique. Le chanteur est en robe de juge pour symboliser une forme d’autorité. Presumption, c’est une référence à la présomption d'innocence : on reste dans le thème évidemment (rires). Quand on fait de plus grandes scènes, on installe  un pupitre derrière laquelle il rend ses jugements par le biais de son maillet. Quand on peut, on fait quelque chose de théâtral. Par exemple, pour “Syncope fait de la résistance” en octobre dernier, il y avait un morceau qu’on jouait depuis des années sur “La Meffraye”, la sorcière de Barbe-bleue. Une amie était alors grimée en sorcière et on l’a assassiné sur scène. Comme pour enterrer le morceau et ne plus le jouer. On essaye de rajouter des petites élements de temps en temps. C’est un peu propre au metal d’avoir ce genre de mise en scène. Car le metal, c’est pas QUE de la musique, c’est aussi une culture, un imaginaire avec toute une imagerie derrière. Plutôt que de passer de la vidéo derrière, avec des kaléidoscope ou je ne sais quoi, on est aussi acteurs, en plus d’être musiciens. Comme Ghost, Rammstein et leur jeu scénique qui raconte toute une histoire… ou même Iron Maiden en plus vieux. On en est pas encore là, on se cantonne au pupitre et à la robe de juge… Mais un jour viendra ! Le metal c’est quelque chose qui se vit, qui se partage, c’est une énergie, une communion, un sabbat qui s’opère entre le public et les groupes. 

Et la Wizard Asso ? 

On a créé la Wizard Asso il y a un peu plus de trois ans maintenant, en janvier 2014. À la base, on a monté l’association pour se structurer avec le groupe. En parallèle, on a fait le constat qu’on manquait cruellement de concerts “metal” sur Le Mans. Alors pourquoi pas utiliser l’asso pour organiser quelques dates ? On avait lancé sur Facebook l’idée d’une réunion publique, on pensait avoir 5-6 personnes, mais on était 25-30 personnes autour de la table. Depuis, on a organisé 20 concerts, à la Péniche Excelsior, à Jean-Carmet, aux Saulnières mais aussi dans des bars concerts comme Les Docks, Le Circuit de la bière, Le Lézard et même le PCV à l’époque. Bref, un peu partout où on accepte de programmer du metal ! 
On a fait jouer Mars Red Sky, dernièrement Regarde Les Hommes Tomber. Le dernier concert c’était avec Crisix, un groupe de thrash espagnol qui tourne pas mal. On privilégie aussi des petits groupes. Il y a pas mal de musiciens dans l’asso, et on constate tous que c’est un peu galère de trouver des salles... Du coup, on programme des groupes qui ont une petite renommée et qui ont besoin de jouer, avec des locaux en support… même si c’est vrai qu’on a un peu fait le tour de la question à ce niveau-là (rires).  

Comment ça se passe pour les scènes ? 

Pour trouver des dates avec Presumption, c’est assez ambigu. D’un côté, tu as un réseau metal qui existe, avec beaucoup d’entraide. C’est assez facile et on arrive à faire pas mal d’échanges de dates avec d’autres groupes. Mais, même si le metal se démocratise, certains établissements refusent toujours de programmer. Il y a toujours des a priori du genre ”Non, moi j’organise pas de metal à cause du bruit”. D’un autre côté, je trouve pas qu’il y ait d’énormes différences entre la scène metal et les autres genres. Il y a sûrement plus un public de passionnés, avec qui tu peux discuter un peu plus en profondeur sur le style. C’est une grande famille. On a des atomes crochus finalement avec le public parce qu’on est les “mêmes gens”. Plus proche. La plupart du temps, une bonne partie du public est musicien. 

Peut on espérer une démocratisation du metal en France, comme on le voit par exemple dans les pays nordiques (Suède ou Norvège) ?

J’ai l’impression que je vais faire mon “vieux con”... C’est ce que j’espère depuis des années, mais j’ai pas l’impression que ça avance pour autant. On avait une locomotive avec Gojira mais ils se sont finalement expatriés... Gorod aussi : ici, ils sont presques inconnus mais ils tournent avec des groupes très réputés à l’étranger comme Morbid Angel… Tu vois bien que les groupes ont cette nécessité pour fonctionner. Au bout d’un moment, tu es limité en France. Si tu veux vraiment percer, tu es obligé d’aller en Allemagne, aux USA ou en Scandinavie… En France, il n’y a pas encore cette culture metal. Après, avec un événement comme le Hellfest, le metal commence à s’ouvrir au grand public. Chacun en pense ce qu’il veut, mais c’est un fait incontestable. D’ailleurs, si jamais les organisateurs nous le proposent, on ira jouer avec plaisir au Hellfest ! 

Ce qui est compliqué avec le metal, c’est vraiment une grande famille avec plein d’états d'esprit différents. Il y a en commun une philosophie de vie, un esprit de liberté, une envie de s’amuser. Tu peux parler de tout, de la musique la plus extrême possible, la plus mélodique possible. Après, dans le black metal, tu as des gens qui ont un côté, n’ayons pas peur des mots, “fascisant” qui colle pas forcément avec l’ “esprit metal”, mais ça touche une frange assez restreinte de ce genre. 

Quel est le programme pour cette fin 2017 ? 

On part en tournée juste après la sortie de l’album en octobre prochain pour le promouvoir. Une douzaines de dates à travers l’Europe : en France pour 4 dates, puis l’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et la Belgique. On sera avec Mantras, un groupe de stoner psyché de Poitiers où on retrouve des membres de The Bottle Doom Lazy Band (groupe phare du doom français). Dans nos tournées, il ne se passe pas grand chose. On a jamais eu de soucis, on touche du bois pour le moment ! Évidemment, on va pas se coucher après le concert, même si on est crevés au bout de quatre jours (rires).
Sur une précédente tournée en Irlande, on avait un day-off où on en a profité pour aller tout en haut du Connemara. Il y avait un vent de fou furieux et on n’était pas sûrs d’arriver en haut, surtout que tout le monde nous avait déconseillé d’y monter. On y est allé et on a finalement ouvert notre Guiness en haut. C’était assez rock’n’roll ! 

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? 

Fêter nos cinquantes ans de carrière, ça serait cool ! (rires)
Plus sérieusement, à travers cet album, on espère toucher un plus large public, tourner encore un peu plus loin et le plus longtemps possible. 

Et puis, continuer la musique et enregistrer encore un maximum d’albums avec toutes nos idées qui foisonnent en répète !

Le Yark

Publié le 28/05/2018

Programmé en novembre 2015 à la Péniche Excelsior et plus récemment dans le cadre du festival « Festimioches » à la MJC Ronceray, “Le Yark” intrigue. 
Derrière ce drôle de nom d'un monstre qui dévore les enfants gentils se cache un spectacle jeune public inspiré d'un ouvrage jeunesse et composé de textes et de musique live, quelque part entre théâtre et chanson.
Rencontre et discussion un vendredi midi de février, autour d'un hot dog, avec les deux têtes pensantes du projet : Véronique Nogueras et Simon Carbonnel. 
Par Marti


Présentations 

Simon : Je suis musicien, j'ai eu plusieurs groupes comme Casualty où je jouais des trompettes et machines, et je suis tombé amoureux des synthés analogiques très rapidement. Je parle de ces synthés qui fabriqués dans les années 80, qui craquent, qui buzzent, qui vibrent... Et qui m'ont amené à créer ACNE, puis AUNE, mon projet solo. En parallèle, je me suis rapproché d'Utopium Théâtre : cette expérience m'a initié à l'illustration sonore pour le théâtre.  En parallèle, j'ai participé à d'autres spectacles avec Pascal Gautelier, j'ai fait cela pendant 1 année en accompagnant sa troupe amateur en musique. Et on est sur un nouveau projet avec Sebastian Lazennec, mais ça sera plutôt pour fin 2017...

Véronique : À la base je suis éclairagiste, j'ai commencé en 1997 à Grenoble, et je suis revenue au Mans en 2000 où j'ai travaillé à L’espal et avec le Théâtre du Radeau sur des créations lumière. Ensuite, j'ai eu envie de me lancer sur mes propres mises en scène, avec notamment Emilie Croatier et Patrice Cosnard sur un projet autour de Kateb Yacine, un dramaturge algérien qui me fascine. De là, j'ai continué à faire des créations avec Paul Rogers autour de la musique improvisée et la poésie sonore. C'est un univers que je revendique... Et sinon j'ai fait de l'encadrement d'ateliers à la MJC Prévert pendant 8 ans en associant musique et écriture contemporaine.

S: Véro oublie de dire qu'alors que moi je suis dans la techno, elle est punk ! Punk des années 80. On se complète bien et en même temps, il y a un socle commun.

Rencontre

V: Simon est venu travailler avec David Veyser (ndlr : ingénieur du son) à Écho Studio pour le mixage du disque d'ACNE. J'étais là, je prêtais mes oreilles et, du coup, quand j'ai découvert l'univers de Simon, ça m'a raconté des histoires, j'aime son univers... On s'est bien entendu et on s'est dit qu'on monterait bien un projet ensemble. On a fait la soirée « Santa Boom Party », où Simon est arrivé avec ses machines et j'ai fait de l'écriture spontanée sur des textes. L'idée était de casser le schéma du Père Noël : si ça se trouve il est pervers, le Père Noël ! Clairement, c'était un spectacle pour adulte … interdit aux moins de 18 ans ! On a enchaîné sur « Le Yark », car justement, le texte de Bertrand Santini est très lié à la poésie sonore, quelque chose de rimé, très musical, vraiment magnifique. 
Travailler avec Simon nous a permis non pas uniquement d'illustrer un texte mais d'envisager comment ensemble, on va raconter une histoire en musique et textes. Et comment on va entrer dans un univers, avec ses péripéties...  Au final, on avait envie de travailler ensemble car il y avait cette connexion, du travail à l'oreille, le rapport au sensible.

V: On se laisse champ libre, on a un cadre assez large et on se laisse de la liberté dans le cadre. D'ailleurs on passe notre temps à retravailler les morceaux, le spectacle évolue tout le temps. Au début on était très sur l'électro et Simon m'a laissé un peu de place sur des morceaux à la Bauhaus, des choses comme ça…

S: La liberté, j'aime ça, même si j'ai des projets plus « carrés », plus préparés. J'aime les 2. Quand je fais de la musique, je sais où je vais et j'aime la liberté dans ce que je joue.

Travailler sur les émotions

V: Le point de départ sur ce projet, c'est le livre, qui a été une évidence car on sentait une musicalité intéressante. Et ça se mariait bien avec notre intérêt commun, qu'on appelle entre nous l' “électro punk”, ce personnage qui vient... Par exemple, le son du Moog représente le Yark ! C'est difficile à décrire...

S: On s'est beaucoup intéressé avec Véro à l'histoire des émotions, par quels états on passe à la lecture du texte, et à quels états on a envie d'amener les enfants. Il ne s'agit pas de leur faire peur tout le temps, même si on aborde la peur... On essaie de s'arrêter sur des émotions avant tout. 

V: On garde cette liberté de la musique improvisée, nous on sait qu'on a nos rendez-vous émotionnels, notre cadre. Mais à l'intérieur on se laisse le champs libre pour, en réaction le public, apporter une petite note de moog ou pas. 

S: Bon, je n'arrive pas à retenir toutes les parties donc je suis obligé d'improviser ! (rires)

V: On travaille sur le thème de la peur qui se décline en plein de choses, et l'idée est aussi que les gamins puissent se dire « oui, j'ai peur mais finalement, je n'ai pas si peur ». La musique rassure, les émotions sont là, ce n'est pas parce qu'on est enfant qu'on est seul à avoir peur. La structure du Yark permet cela aussi : illustrer le monstre musicalement.

S: C'est un montre qu'on finit par bien aimer en fait. On a envie que ça se passe bien pour lui, et pour que ça se passe bien pour lui, il faut qu'il mange des enfants mais... 

V:  … Il y a peut-être d'autres solutions ! Il s'agit de désacraliser l'image du monstre. Quand on l'a joué la première fois à la Péniche Excelsior, on a dû annuler des représentations car c'est tombé en plein dans la période des attentats de Paris. Et, en même temps, la peur, c'était hyper intéressant car du coup les enfants sont arrivés chargés, on était tous hyper chargés, et le fait de jouer le spectacle, c'était fort. On s'est approprié nos peurs et on les a transformées. 

S: On avait peur de faire peur aussi...


Uu spectacle pour les kids : contraintes et opportunités

S: Concernant les textes, il n'y a aucun mot de changé par rapport au livre, mais on a dû couper des passages.
 
V: On a gardé la trame et, à l'intérieur, on a adapté comme on aurait fait l'adaptation théâtrale d'un roman. On a veillé également à ce que ça rentre dans le temps relativement court d'un spectacle jeune public car sinon le spectacle durerait 1h30 à 2h. On a fait attention également à garder l'identité du livre, ne pas faire de contre-sens.

S: C'est déjà long pour un spectacle « jeune public »... Mais je pense qu'on est arrivé au bon timing sans dénaturer l'histoire.

V: Il y a une contrainte de temps justement, qu'il faut adapter à l'âge... Et puis, il y a le discours. Une question qui nous taraude : jusqu'où peut-on aller dans le contexte ? A qui s'adresse t-on ? Forcément, les 3-6 ans et les 6-12 ans ne vont pas s'attacher aux mêmes choses, surtout dans la période sensible liée à la peur. 
Typiquement pour un spectacle jeune public, adapter musique et texte est un vrai challenge pour garder la « stéréo » : faire en sorte de garder l'équilibre des intérêts du texte et de la musique. Ça, c'est une vraie contrainte : comment allier les 2 pour ne pas être uniquement dans l'illustration d'un propos. 

S: C'est intéressant de sentir l'énergie entre la musique et le texte en live, savoir qu'on s'emmène… C'est aussi la musique qui va porter Véro dans ce mouvement-là, ce n'est pas uniquement de la colorisation de spectacle. C'est très intéressant. Plus ça va, plus on ressert les choses : les interventions musicales peuvent arriver sur des morceaux de textes précis, pour que les enfants puissent se repérer dans le fonctionnement, etc... Dans la construction aussi : à des moments, le Yark entre dans la maison, ça commence par des petites rythmiques un peu chaloupées, et puis ça évolue...  Et on garde la même construction de morceaux avec les mélodies qu'on fait évoluer pour représenter le Yark.

V: Cela permet aux enfants d'entrer dans le costume du Yark.

S: Avec les synthés que j'utilise, on est dans la subjectivité : à un moment le Père Noël envoie des jets de chantilly, et c'est le thérémine qui représente le jet de chantilly... Cela implique un mouvement et un son spécial qui représente le mouvement.

La composition musicale au service du spectacle 

S: J'aime être à l'écoute des textes pour illustrer le texte, m'adapter et aussi emmener Véro via mes propositions.

V: Il y a des sons qui ne passent pas car cela ne colle pas avec ma voix. On a vraiment tout construit ensemble via des recherches sonores.
 
S: Dès le début, j'ai défini les machines avec lesquelles j'allais travailler sur ce spectacle. Et la créativité part de cette limite : à moi de me débrouiller pour faire avec. Ce sont des machines différentes des autres projets dans lesquels j'évolue.
 
V: On utilise des machines simples qui permettent aux enfants de toucher et de comprendre leur fonctionnement. En parallèle des ateliers d'écriture, on voudrait à terme que les enfants puissent créer leur monstre via leur univers sonore. 

Des projets ?

V: On a construit et re-construit le spectacle en lien avec les dates de représentation à venir, il évolue comme ça. On commence à resserrer les représentations et on peut proposer une vraie formule qui tient la route, on va donc se lancer dans la diffusion. Il s'adresse à la fois au réseau musiques actuelles, à la fois à celui du jeune public … C'est une proposition mixte qui n'existe pas actuellement.

S: Il y a des lieux qui s'y prêtent plus que d'autres, il faut des petites jauges. La Péniche Excelsior est typiquement le genre de lieu que l'on apprécie. 

V: La proximité permet d'aller à la rencontre des enfants. C’est important : dans le spectacle, je les renifle, je les touche…  
En ce moment, on discute avec des programmateurs et finalement c'est plus le milieu musical que celui du théâtre qui vient nous chercher.

S: On a envie de faire tourner le spectacle. On a des coups de mains de notre entourage là-dessus mais ça reste à développer. 

Les références de Simon et Véro
3 références à lire et 3 disques à écouter

Les poèmes de Ghérasim Luca
Le Petit Prince
Anafrog (Forum d'échanges à propos des synthés analogiques)

Lydia Lunch – Tout !
Bauhaus - Bela Lugosi's Dead
Nina simone - Sinnerman

Festival Connexions #10 - Interview Rillettes/Paillettes n° 10 : Rezinsky

Publié le 27/04/2018

Dernière interview #RillettesPaillettes du Festival Connexions 2018 ! Enregistrée le 26 avril avec Rezinsky avant leur show à l'Oasis en première partie de Lomepal.

Interview Rillettes/Paillettes n° 9 : N30

Publié le 26/04/2018

Découvrez l'interview #RillettesPaillettes de N3O, enregistrée le 24 avril avant leur concert à la Salle Jean Carmet.

Interview Rillettes/Paillettes n° 8 : Cabadzi

Publié le 26/04/2018

Le 24 avril, Cabadzi nous a offert un moment de grâce à la Salle Jean Carmet avec leur projet autour des textes de Bertrand Blier. Mais avant, Lulu & Vikto ont pris de le temps de répondre à l'interview #RillettesPaillettes.

Interview Rillettes/Paillettes n° 7 : Legiteam Obstruxion

Publié le 24/04/2018

Samedi 21 Avril, Legiteam Obstruxion organisait le L.O Spring Battle à l'Alambik ! dans le cadre du Festival Connexions. Découvrez l'interview #RillettesPaillettes de Sekou, Dylan & Thomas.

Interview Rillettes/Paillettes n° 6 : Saro

Publié le 23/04/2018

Le 19 avril, Saro mettait le feu à l'Alambik ! Mais avant nous lui avons fait passer l'épreuve de l'interview Rillettes/Paillettes.

Interview Rillettes/Paillettes n° 5 : Ezra & Alex Machefel

Publié le 23/04/2018

Ezra & Alex Machefel ont dévoilé leur nouvelle création le 21 avril au Parc de l'Epine dans le cadre du Festival Connexions et de Cirque à l'Épine (CLEAC Ville du Mans). Découvrez leur interview rillettes/paillettes !

Interview Rillettes/Trompette : Bad Fat

Publié le 21/04/2018

Bad Fat jouait le 20 avril au Parc de l'Epine dans le cadre du Festival Connexions et de Cirque à l'Épine (CLEAC Ville du Mans). Découvrez leur interview rillettes/trompette !