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Interview

Alan Durand

Chargé de production de Cadré, programme mettant en images les artistes dans des décors atypiques du Mans.

Publié le 25/03/2022

Qui es-tu ?

Je suis réalisateur/monteur à la Cité du Film, et pour le projet « Cadré », je suis chargé de production. Je suis originaire du Mans, j’ai étudié le cinéma à Rennes et Paris, et je suis revenu en 2013 pour préparer un documentaire. Et finalement, je suis resté, c’est mon ter-ter. Et j’ai envie de faire des choses ici. En plus d’être cinéphile, je suis très inspiré par l’univers de la musique et du sport. Rien à voir, c’est comme ça. Allez le MUC !

Quel est ton rapport à la musique ?

Depuis tout petit, je suis très sensible à cet univers. Je suis très pop, pop/rock, rock. Dans la pop, je mets pas très loin, la chanson française et même la variété. Évidemment, comme toute notre génération, l’accessibilité à la musique streamée m’a permis de découvrir et apprécier plein d’autres genres musicaux, notamment dans ce magnifique trou noir qu’est la musique électronique. La musique populaire brésilienne aussi… On s’y perd, mais il y a tellement de qualité qui sort maintenant, on s’en réjouit. Clin d’œil à Loâzo qui est un ami et qu’on a pu filmer, dont j’admire l’univers riche et précis à la fois.

Quel regard portes-tu sur l'évolution de la scène musicale mancelle ? 

Si je suis honnête, on a un peu l’impression que c’est qualitatif, voire très qualitatif, mais un peu confidentiel. Sans doute que je ne connais pas assez le milieu pour émettre un avis 100% légitime, mais c’est parfois le regard que je porte. Je me dis : « ça c’est cool, ça mériterait une exposition autre qu’une musique de niche ». Et en même temps, la plupart des projets qui se font ici sont sincères, avec des univers singuliers, les artistes suivent leur intuition, pas là pour plaire à tout prix. Il y a un aspect quasi punk/DIY qui me plaît bien.

À propos de Cadré, peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?

Le projet vient d’une envie commune de Philippe Le Guillou, réalisateur, monteur, et Arthur Beuvier, directeur artistique, à l’époque où ce dernier travaillait à Radio Alpa. L’idée était de proposer des concerts dans le studio de la radio, en mode KEXP. Finalement, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus intuitif. Puis il y a eu un pilote réalisé avec l’artiste Numerals&Letters, en coproduction avec Av Factory une société de production mancelle, et le résultat était franchement enthousiasmant. C’était tourné sur le chantier de l’actuelle Brasserie Septante-Deux, il y avait un côté indus’, c’était très visuel. C’est après ce tournage-là que les gars m’ont proposé d’assurer la partie prod’.

Quel est le concept ? En quoi se distingue-t-il d'autres contenus audio-visuels ? 

Le concept, c’est de filmer des live d’artistes musicaux hors les murs. Dans des lieux insolites du Mans et de la Sarthe, qui ne sont pas fait pour accueillir de la musique. Finalement, avec la covid, on a été amenés à filmer dans des salles de concert, notamment avec Superforma sur les Starter Live Sessions, mais maintenant on veut revenir à cette idée de délocaliser la musique en dehors de l’espace scénique. On a tous un rapport intime avec la musique, alors imaginer des espaces, des scénographies, des lumières et des ambiances pour la mettre en scène, c’est plutôt kiffant. Il y a beaucoup d’autres projets déjà existants et dont on s’inspire : la blogothèque, KEXP, Sourdoreille, qui font des très belles choses. Et en même temps, ce qu’on fait, personne d’autres le fait, pas ici, pas avec ces artistes, ça nous ressemble et on va cultiver ça.

Comment êtes-vous structurés ? Recevez-vous des aides ? 

Notre association s’appelle La Peau de l’Ours, on est soutenus par des collectivités et des fonds d’aide spécialisés. On a suivi le dispositif Trajet, à l’échelle régionale l’année dernière, c’était chouette de se confronter à d’autres projets, pour certains plus avancés, et d’échanger avec des passionnés. C’est comme ça qu’on a rencontré Blossöm Theory, et ça va accoucher d’un projet commun qui sort bientôt. (Captation live de Yve Bay, ndlr).

Quels ont été vos meilleurs et pires moments vécus sur un tournage Cadré ?

Il n’y en a pas vraiment. Ni dans un sens, ni dans l’autre. En fait, je crois qu’on a tous kiffé le tournage avec Sergueï Spoutnik car Teriaki, c’est des copains, et on admire leur travail depuis des années. On s’est tous bien entendus sur la DA. Et le résultat nous plaît beaucoup.

Avez-vous des objectifs à venir ?

On veut continuer à se structurer, trouver notre identité en continuant à filmer des artistes locaux, mais aussi des artistes extérieurs qui passent au Mans, en tournée, voire les faire venir entre deux dates. Investir un peu plus la Sarthe, on est restés très centralisés, je suis sûr qu’un tournage en campagne, l’été, soit très nature, soit dans un village, ça peut être top. Il faut qu’on sorte un peu de notre zone de confort.

Le lieu et l'artiste que tu rêverais de filmer !

On a un gros kink sur Dominique A. On est tous d’accord là-dessus. Après sur d’autres artistes, ça discute, on n’est pas toujours d’accord. Personnellement, j’adorerais faire Lesneu, c’est à notre échelle, et il a un vrai univers. Sinon Odezenne, c’est très pop/chanson française, et pareil, ils ont leur univers, je me demande ce que ça donnerait une collab’ avec eux.

Quels projets avez-vous en dehors de Cadré ?

On a tous nos vies à côté, et chacun avance dans les milieux de la télé, du cinéma, du théâtre. Par exemple Arthur va travailler au Quai à Angers sur des pièces de Thomas Jolly. Philippe travaille avec Arte en montage. Léo Boisson, un cadreur avec qui on bosse, réalise un documentaire sur François Tanguy. Pour ma part, je développe un court-métrage de fiction autour de l’ancien Stade Léon Bollée, en cours de destruction. Et aussi un documentaire dont le tournage a commencé, sur le MSB, avec pour angle l’imaginaire américain : comment les joueurs ricains qui passent ici s’adaptent-ils à la vie mancelle ? Et comment se passe la cohabitation avec les jeunes joueurs français qui font le chemin inverse et rêvent de NBA ?

Suivez toutes les actus du Cadré sur sa chaîne Youtube!

Rencontre avec Etienne Jaumet et Fabrizio Rat

Publié le 27/01/2022

Accueillis en résidence aux Saulnières en octobre 2021, Etienne Jaumet et Fabrizio Rat seront de retour au Mans le 29 janvier 2022 pour un concert à la Maison de la Biennale dans le cadre de Le Mans Sonore.
Rencontre avec ce duo hypnotique …

Début 2021, on a vu pour la première fois une vidéo de votre live à l’occasion du Piano Day… Comment est né le projet et l’envie créer ce duo ?

Etienne : C’est pas compliqué, c’est le premier live qu’on ait jamais fait, puisqu’avant on était en confinement !
Fabrizio : On avait déjà joué ensemble dans un autre projet qui s’appelle Cabaret Contemporain, où on avait déjà pris plaisir à jouer ensemble. J’aimais ce qu’Etienne pouvait faire avec le synthétiseur modulaire, et lui la façon dont j’utilise le piano préparé. On a eu l’idée de travailler ensemble lors du premier confinement. On a d’abord commencé à distance, à s’envoyer des fichiers, à réfléchir au projet. On est parti sur des idées simples : faire des morceaux où la rythmique était très importante mais avec une liberté harmonique, on voulait quelque chose de répétitif mais en même temps qui laisse place à l’improvisation.
E. : On a ensuite fait une résidence au Théâtre de Vanves où on a commencé à enregistrer. Comme on avait déjà pas mal réfléchit au projet, les choses ont abouti assez rapidement, nos idées ont été productives, ça ressemblait à des morceaux quoi, et on a enregistré à chaque fois qu’on avait des idées. Comme les morceaux ont commencé à s’accumuler on s’est dit « mais ça ressemble à un album ce qu’on a fait ! ».

En octobre 2021, vous êtes venus aux Saulnières pour une résidence. Quels étaient vos objectifs et pistes de travail sur cette semaine ?

E. : On avait fait plusieurs concerts, notamment un à Bordeaux où on s’est rendu compte que les gens étaient à la sortie du confinement et avaient vachement envie de danser. Alors que nous, on n’était pas du tout parti dans cette problématique là.
F. : On s’est dit avec qu’il fallait travailler de nouveaux morceaux plus rythmés, adaptés à un public « debout », tout en restant dans notre esthétique.
E. : C’est ce qu’on a essayé de faire au Mans, et j’avoue que ça a marché. On a pu aussi réfléchir à la manière dont le live pourrait s’adapter en fonction de l’auditoire. Ça été très productif, je dirais même qu’il y a la matière pour un nouvel album alors que le premier n’est pas encore sorti ! On voit qu’il y a un potentiel d’évolution et d’avenir dans ce qu’on a fait, c’est ce que nous a mis en perspective la résidence au Mans.

On vous retrouvera le 29 janvier au Mans dans le cadre de Le Mans Sonore. À quoi le public doit-il s’attendre ?

E. : On proposera un mix des premiers et des nouveaux morceaux. On a augmenté notre répertoire, on va pouvoir naviguer en fonction de l’auditoire.
F. : Ce qui compte c’est de faire quelque chose de vivant, pas de la reproduction. Chaque morceau va évoluer aussi avec le temps, être amené dans d’autres directions…
E. : Notre spectacle est à la fois écrit (la technique, les mélodies, les vitesses, ce qu’on va utiliser sur scène, etc…) et en même temps libre au niveau des structures… Les morceaux on va les reproduire mais en même temps essayer de s’en détacher, ils pourront évoluer en fonction de notre humeur, ce qui se passe sur scène, comme dans un live classique !

Et alors, il sort quand cet album ?

E. : On attend le test pressing, il devrait sortir pour mars 2022 ! Tout est en train de se mettre en place … on est dans les temps là ! Tout roule ! 

Kristel

l’ovni musical malgache qui vient d’atterrir en Sarthe !

Publié le 17/01/2022

Voici plusieurs mois qu’au Silo, une nouvelle musique sort des studios et que le groupe se fait peu à peu identifier des autres musiciens, et de nos équipes. On a voulu partager cela avec vous ! Rencontre avec Christelle (chant / basse), Sylvano (batterie) et Ben (guitare).

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Christelle : Ben c’est mon frère. Donc on a pas eu trop le choix (rires). Puis j’ai rencontré Sylvano dans une jam en 2013.
Sylvano : Moi c’est en 2009 que j’ai rencontré Ben sur le festival de jazz à Tana. Il y avait un tremplin pour les jeunes talents où les grands musiciens de jazz se regroupaient pour former les jeunes. Le batteur de Christelle et Ben était mon pote, il m’a appelé pour venir à la répète… Je suis venu, on a bu des coups, et j’ai commencé à les suivre tous les soirs. J’ai eu un coup de cœur pour ce groupe.
C. : On a eu pas mal de batteurs en fait, à cause problèmes de comportements, ou musicaux. Parfois moi aussi je n’étais pas très correcte, j’arrivais en retard…
Ben : Oh oui 3 ou 4 h en retard !!!
C. : Puis en 2014 lors d’un concert, le jour même, le batteur nous dit qu’il ne jouera pas ce soir, il ne s’y retrouvait plus musicalement. Au final, on appelle Sylvano le matin pour le soir même ! On arrive 15 minutes avant de jouer, on lui écrit une setlist avec un petit mémo sur les groove et les structures … Ce concert restera gravé dans nos mémoires comme un de nos tops 3 !

Comment êtes-vous sortis du lot à Madagascar ?

S. : C’est via Libertalia (Festival et Label local NDLR) en 2015. On a été programmé pour faire les afters du festival. Et en 2017 on a joué sur la grosse scène… avec le repérage des pros comme Pierre, et feu Marc Antoine Moreau.  Puis l’EP est sorti pour le MAMA et on a enchainé avec les BARS EN TRANS.

Comment composez-vous ?

C. : À Mada on avait le studio, on y jammait beaucoup plus. Maintenant chacun compose de son côté avec son téléphone. Parfois j’ai un texte et on part de cela pour poser une ambiance.
B. : Parfois Sylvano écrit une musique, et on va chercher dans les vieux textes de Christelle pour l’habiller…
C. : Sur My Man, quand Sylv prend un de mes textes et le colle sur une de ses musiques, cela amène une vision différente sur mes paroles, et cela donne quelque chose de nouveau. On est très têtus tous les trois donc si un de nous bloque sur quelque chose, on lâche l’affaire et on passe à autre chose.

C’est quoi son style à Kristel ?

C. : On n’aime pas se mettre de barrières. Si on veut faire du reggae, on y va. On a une étiquette rock mais on aime sortir de ce cadre. On laisse les gens avoir une vision sur nous, mais on ne se prive pas d’explorer. Notre style c’est KRISTEL !
S : C’est vraiment la façon de jouer qui est rock…pas le style. On se connait depuis des années, donc sur scène c’est très compact, on joue vraiment ensemble.
C : La question du style a freiné beaucoup de choses dans notre développement (grognements et soupirs ndlr). Car les gens ne comprennent pas cette diversité des univers. Mais si on dit que c’est bon, que l’on reste sur la musique, alors le reste va suivre !

Ça raconte quoi vos morceaux ?

C : Sur l’EP et le premier album, on a beaucoup parlé de notre vécu dans notre jeunesse. Une sorte de révolte, de notre vie dans les quartiers très défavorisés de Tana… On voulait hausser la voix pour dire haut et fort ce qui se passait chez nous, défendre ce point de vue auprès de la société. Qu’ils apprécient ou pas, c’était nous, notre vision de la réalité. On pratique beaucoup l’ironie, et le sarcasme dans les textes…tout le monde en prend un peu pour son grade (rires).
Après les premières tournées et le deuxième EP Let’s Be Happy, notre regard sur la société a changé, aussi en tant que parents devenus responsables. Donc le regard s’est décentré de Madagascar, on a commencé à parler de nos sentiments et de nos émotions : amour, joie ou dépression. Ma source principale d’inspiration ce sont les histoires des gens… je suis hyper hyper sensible… donc je retrace ce que je perçois tout autour de moi.

C’est comment Le Mans ? Avantages & Inconvénients !

C : Avantage. C’est vert, c’est pas loin de Paris, et il y a des parcs partout.
S : Il y a plein d’activités, c’est le temps et l’argent qui manquent !
B : Et il y a le Silo ! C’est super.
C : Trop de manifs pour les transports en commun, et on galère pour venir au Silo avec le bus 13 ! Sinon les gens, ils sont un peu méfiants au début mais ensuite ils deviennent super cool… Mais bon on est arrivé en plein confinement donc… On est bien ici en tout cas, on ne regrette pas du tout ce choix ! Alors que c’était un peu à l’arrache ! On avait deux semaines pour choisir notre ville d’ancrage à notre arrivée.

 

 

Quels sont vos projets à venir ?

C : Un nouvel album et tournée prévus sur 2022. Et des résidences de travail.

Un dernier mot pour les musiciens qui vous liront ?

C : Ne faites pas de la musique ! C’est trop de galères ! (rires)
S : Il faut énormément de persévérance, et savoir ne pas vendre son âme au diable.
B : Rester soi-même. Et beaucoup travailler !

 

Owa

Publié le 09/09/2021

Rencontre avec le duo OWA, formé par Nadia Simon, au chant et à la basse et Laurent Sureau au handpan.

Alors comment résumer cette année en trois mots ?

« De – la - meeeeeeeerde ! » une fois passé ce cri du cœur ce que l’on peut dire de façon plus posée ce serait … Adaptabilité, Rencontres & Perspectives.

C'est comment de sortir un album sous Covid ?

C'était triste. On a essayé de le sortir à trois reprises cet album. On a eu trois dates de sorties, le premier report nous a mené à organiser notre release party le 25 septembre sur la Péniche Anako à Paris. Une toute petite jauge, retransmis en streaming … On avait vraiment la sensation très bizarre d’un concert « entre parenthèses » et qu’une longue période trouble allait nous retomber dessus.  Au final l’album est sorti en digital et physique avec Inouïe Distribution le vendredi 13 novembre...

Et question promo, comment cela s’est passé ?

Au final, si on regarde le chemin parcouru on aura eu de la chance : on a constitué un nouveau réseau professionnel, reçu un grand soutien du réseau France Bleu. À cause du Covid on a participé à des formats de promotion originaux comme des interviews téléphoniques diffusées tous les jours pendant une semaine, et qui portaient à chaque fois sur un titre différent ... On a géré essentiellement cela tous seuls en lien avec notre attaché de presse qui nous a boosté, fait réfléchir sur nos contenus, la stratégie de sortie de clip a été travaillée avec lui. Radio Alpa nous a aussi intégré dans sa programmation pendant un mois et nous avons été reçu par LMTV. On a aussi joué à l’Olympia grâce au Smart Music Tour et ensuite on a décroché le live à Culture Box ! Cela s'est fait par bouche à oreille via nos mails de démarchages qui ont bien tourné et sont tombés dans les bonnes boîtes !

Quels ont été les deux moments les plus Up & Down ?

Le UP ? Bah c’est quand Culture Box nous a appelé et le down c'est quand j'ai du annuler car j’avais chopé le Covid ! Et puis RE-UP quand on a su que c'était avec Pomme ! Un soir après notre live stream au CAMJI à Niort, on se dit tiens on va se mater un concert : on tombe sur Pomme à Fourvières sur Arte, et le lendemain on apprend que l’on passera le même jour qu’elle à Culture Box. Suite à ça : on a eu des propositions de dates intéressantes et on à pu confirmer des dates qui étaient suspendues en leur envoyant cette vidéo. En fait ce confinement nous a ouvert des portes, pour le genre d'esthétiques que nous représentons : les pros ont eu le temps de se poser pour écouter des nouveautés. Et on sent que notre nom commence à résonner dans certains réseaux…

En quoi cet album vous a-t-il fait franchir une étape dans votre développement ?

Nous avons mieux structuré notre association en l’affiliant à la SCPP afin de pouvoir bénéficier de financement à la production d’un disque. On est totalement autoproduits, et nous avons touché une aide pour l’album, et une aide pour notre clip. En gros nous sommes notre propre label. Pour la distribution on travaille avec Inouïe, et nous avons aussi le soutien du GRAMM avec qui nous travaillons en co-production, comme par exemple lors de notre dernière résidence à la Baraque de l’Abbaye de l’Épau, ou le GRAMM nous a apporté un soutien précieux pour la prise en charge de nos cachets de répétition. Et puis même si on est très déçus de ne pas avoir pu défendre cet album dans des conditions scéniques idéales, les dates arrivent !

Que vous a inspiré cette période unique ?

On a enregistré trois nouveaux titres en studio à Paris qui constituent un EP qui sortira probablement à l'automne. Il s’appellera Wake Up. C'est un appel presque chamanique à se réveiller pour répondre à ce qui se joue en ce moment. Sur Circle le texte raconte qu’on a beaucoup tourné en rond sur nous-même, sur des questions existentielles... on a été obligé de se remettre en cause : comment éviter les trous dans lesquels on tombe à chaque fois ?

Quels sont les nouveaux horizons artistiques à explorer selon vous ?

Ramener des choses un peu plus « ovariennes » en incluant de la disto dans la basse. Pour être un peu plus rentre dedans, écorché vif. Pour le deuxième album nous sommes à la recherche d'un son plus brut...sans enlever le côté onirique d’OWA. On va travailler cette tension entre le rêve et la réalité.  L'idée de la prochaine c’est de déposer, décanter, laisser venir tout ce qui a été accumulé. Laurent a fait faire trois nouveaux Hand Pan, donc on part sur de nouvelles gammes et harmonies en mode feuille blanche.

Trois questions à...Philippe Plard

Programmateur du festival Folkiri

Publié le 02/09/2021

Les 1er et 2 octobre, Les Saulnières accueilleront la dixième édition du Festival Folkiri. Nous en avons profité pour échanger avec Philippe Plard, son programmateur, et revenir avec lui sur l’origine du festival et faire un état des lieux sur la scène trad’ actuelle.

Quand et comment est né le Festival Folkiri ?
Il y a toujours eu des bals folk en Sarthe, qui se déroulaient le plus souvent dans des salles des fêtes, sous des chapiteaux...dans des conditions pas toujours idéales pour les musiciens. Ces soirées n’existaient malheureusement pas au Mans, jusqu’en 2010 où Dominique Quetel m’a proposé d’organiser une première soirée “Bal Folk” aux Saulnières. Avoir accès à une salle telle que les Saulnières, nous a d’abord permis d’accueillir les musiciens dans de meilleures conditions techniques, avec une meilleure acoustique. Cela m’a aussi permis d’ouvrir la programmation, d’inviter des groupes professionnels, plus “têtes d’affiche”, que je ne pouvais pas programmer auparavant car les conditions d’accueil n’étaient pas adaptées.

Pour les personnes qui n’ont jamais participé à un bal folk. À quoi doivent-elles s’attendre si elles souhaitent venir découvrir ces soirées ?
On peut venir seul, entre amis ou en famille ! Certaines danses restent facilement accessibles, même si on n’est pas un habitué des bals folk, on peut entrer très vite dans la danse ! Le public est varié, toutes les générations sont présentes. Sans savoir danser, on peut s’amuser et être rapidement pris dans l’ambiance. Au délà de la danse, il y a aussi de la musique à écouter avec une grande variété d’instruments qu’on peut découvrir sur scène. Les groupes ont vraiment évolué, le son est de meilleure qualité, les musiciens font attention à ne pas jouer uniquement un répertoire « classique », ils proposent beaucoup de compositions. Chaque groupe, ce sont des univers et des interprétations différentes, ça se renouvelle sans arrêt !

 

 

En parlant de renouvellement. Comment se porte la scène trad’ aujourd’hui ?
C’est une scène qui a beaucoup changé ces dernières années. Les gens connaissent généralement les musiques traditionnelles irlandaises ou bretonnes. Ils ont une image passéiste du bal folk, ils pensent aux soirées avec des gens en costumes, car effectivement il y a eu énormémement des soirées de ce type. Aujourd’hui, les musiques traditionnelles ont évolué, beaucoup de musiciens y intègrent des influences et des sonorités issues du jazz, du  rock ou des musiques électroniques...c’est la raison pour laquelle on voit de plus en plus de soirées “bal trad” ou “néo-trad” dans les Scènes de Musiques Actuelles. Ce mélange a permis de toucher un public différent, les habitués des bals folk continuent de fréquenter les soirées, mais on constaste l’arrivée d’un nouveau public, qui rajeunit. Voir ce public jeune venir, ça me touche particulièrement, ça me conforte dans l’idée que ces soirées continueront dans le futur !

Rencontre avec Loâzo

Publié le 21/04/2021

Rencontre avec l’artiste électro Loâzo avec qui nous avons pu échanger sur son dernier EP « Albine » et sa fascination pour les musiques traditionnelles et les langues régionales.

Quel est ton rapport à la musique en tant que batteur qui est passé aux machines ?

En tant que batteur j’ai pu jouer dans beaucoup de genres différents (métal, jazz funk, ateliers jazz, rock indé). Dans mon dernier groupe j’avais plein d’idées d’arrangements mais le leader aussi donc j’avais assez peu d’espace de création et j’ai voulu travailler avec des machines pour m’épanouir dans la compo. Je suis surtout intéressé par le travail rythmique. Mes références sont celles de la scène électro anglaise : 2step, UK garage, drum & bass … Mais aussi des musiques traditionnelles et l’étude de l’ethnomusicologie. Mon premier track étant basé sur des chants indonésiens. Il y a beaucoup d’inspiration trad’ dans l’électro : dans le footwork on trouve du 3/2 mélangeant ternaire et binaire ce que l’on retrouve sur le titre Montagne Noire issu de mon dernier EP «Albine».

Quels sont les avantages et inconvénients d’être solo avec des machines ?

À Paris, on a sorti un EP en 2014 avec Jacques sur le label Cosmonostro, on a composé quatre morceaux en partant dans la campagne près de Strasbourg. On avait tous les deux de l’intérêt pour des sons concrets dans l’usage des morceaux. À la réécoute de cette collaboration, c’est bien d’être deux. On est plus riche, il y a un rebond sur les propositions, quand on est en panne d’idées on se nourrit de l’autre. Il avait un apport sur la partie mélodique que je maitrise un peu moins bien. Idem pour la scène. C’est chouette pour le public, il voit ce qui se joue en direct, on occupe mieux l’espace scénique… et sur le côté tournée en duo ça doit être plus sympa aussi. Mais j’aime pouvoir maîtriser tout le processus de composition donc…

Quelle est ta façon de composer ?

Avant je partais de rien sur Ableton… pas de preset ou template établis. Tout était très différent d’un morceau à l’autre mais je partais de 0 à chaque fois. Maintenant j’ai plus de machines, et je pars des sons issus des autres morceaux. Cela donne une base de départ. Parfois je commence par les accords, j’ajoute une mélodie… d’autre fois cela part du basse-batterie. Mon set up : Electron Machine Drum qui sert de boîte à rythme et qui permet de sampler des tout petits extraits. Une Digitone Electron qui rend la synthèse fm assez accessible et qui est très polyvalente : il y a quatre pistes de synthés plus quatre pistes pour envoyer du midi sur les autres machines. Sur scène j’ai un Polyend Tracker qui me sert à contrôler les autres machines.

Parle nous de ton nouvel EP ?

J’ai créé la jaquette tout seul dans un esprit DIY, l’idée de base c’était de faire apparaitre une nouvelle image : le visage de Loâzo avec une tête déformée sur un corps d’oiseau. L’idée est issue d’un concert où on a mis en place une déco avec une amie avec des Loâzos en suspension. ALBINE c’est le lieu ou j’ai composé dans le Tarn. J’ai donc ajouté une carte ancienne à mon visuel. Cet EP c’est une interprétation imaginaire de ce territoire. Il n’aurait probablement pas sonné pareil si je l’avais fait ailleurs.

Comment imagines-tu ton show en live ?

Ce n’est pas encore totalement abouti. J’aimerais continuer avec l’idée des oiseaux suspendus et ma tête découpée. Avec une imagerie pastorale pour coller à l’esprit. Je vais surement penser à des moments de vidéos dans le set car c’est mon métier et je voudrais pouvoir appuyer la scéno avec ce support, sans que cela écrase non plus l’expérience du concert. J’ai envie d’emmener le public, que ce soit prenant, pour compenser le manque de musiciens sur scène.

Ta prochaine création ?

J’ai un attrait pour les langues en général. Une fascination pour les voix chantées, harmonisées, et les accents. J’ai failli faire un mémoire sur l’évolution des accents français depuis les années 50 quand j’étais aux Beaux Arts. Sur mon 1er EP, on trouve les voix de mes parents, des archives de cassettes avec ma voix enfant. Dans « ALBINE », j’ai intégré un peu d’Occitan Languedocien issu de la région où j’ai composé. Depuis plus d’un an j’ai découvert des groupes qui reprennent des musiques traditionnelles occitanes… j’aime cette démarche. On se dit souvent qu’on n’a pas de musiques traditionnelles, que nous sommes déracinés. Souvent on les prend de haut, tout comme les langues régionales sont généralement peu considérées. Cela manque beaucoup dans le paysage musical français. Je suis allé fouiller dans le label Pagan Records (San Salvador, Sourdure, Super Parquet…) j’ai découvert toute une communauté qui s’appuyait sur ce patrimoine. Et cela fait sens quand on vit dans un département rural. Il y a moyen de faire une musique qui soit à la fois urbaine et rurale… d’où l’idée d’appliquer ce process aux musiques électroniques.

Récemment j’ai découvert le fond sonore de l’Hommedaire, le patois sarthois, et mon prochain EP sera directement en lien avec ce patrimoine. Je cherche une personne qui pourrait réciter du patois durant le spectacle. Je pourrais sampler cela en direct et travailler cette matière.

> Si quelqu’un connaît quelqu’un qui … contactez-moi : loiseauromain@gmail.com

Rencontre avec les professeures référentes de la «Fabrique Musique & Image»

Publié le 06/04/2021

Dans le cadre de la Fabrique Musique et Image de la Sacem, le collège Costa Gavras accueillait Thomas Brousmiche (Photographyk) et Pascal Boudet (Cyesm) en vue de l'écriture et de la composition musicale de courts métrages. Une Fabrique qui fait suite au partenariat engagé depuis 4 ans sur Connexions Festival. Rencontre avec les professeures référentes du projet : Carine Garnier, professeure d'Anglais et Nathalie Doiteau, professeure de Français.

C'est quoi la classe « Cultures Urbaines » du collège ?

Le projet de classe Cultures Urbaines existe depuis 5 ans au collège Costa Gavras ,qui compte déjà une classe à horaires aménagées cinéma et une classe Théâtre sur le niveau 3ème. Nous menons ce projet avec plaisir et notre motivation ne s'essouffle pas. Nous travaillons ce projet à raison d'une heure par semaine. Il s'agit de faire découvrir le hip hop aux élèves voire même de redorer son image. La pratique de l'écriture de textes personnels se met en place grâce à notre collaboration avec le rappeur Youkoff. Tout prend sens et forme le jour où l'on va au studio pour enregistrer les chansons qu'ils ont créées. Un atelier danse est aussi proposé ainsi que du beat box. Les élèves pourront ainsi en fin de parcours proposer un spectacle à leur famille. Le sujet de leur épreuve orale pour le brevet est ainsi tout trouvé.

Quel était/est le projet initial de votre action sur Connexions Festival ?

Le festival Connexions a permis de faire connaître notre projet et de nous faire connaître. La rencontre avec d'autres classes réalisant des projets sur le même thème que le nôtre a été une révélation pour nous et les élèves. Un vrai partage se fait entre les enfants et adolescents et ça fait plaisir à voir. Ils se dépassent montent sur scène (une vraie scène), ils sont dans la lumière et deviennent le temps d'une chanson de vrais artistes. L'idée c'est de montrer ce qu'on fait sans avoir honte, au contraire et c'est ce qu'on a pu réaliser grâce au festival Connexions.

Qu'est ce qui vous a décidé à participer à cette Fabrique Musique et Image ? Quelles étaient les objectifs pédagogiques et artistiques recherchés ?

Le projet prend de plus en plus d'importance et quand on nous a proposé de participer à cette Fabrique Musique et Image, cela nous a tout de suite enthousiasmées. Ecrire une chanson, puis un scénario, mettre en images et en sons un texte écrit par les élèves, pour nous c'est l'aboutissement de tout ce qu'on a pu mettre en place depuis déjà plusieurs années. Bien évidemment tout prend sens et nous sommes très fières d'avoir pu participer à ce nouveau projet qui complète le nôtre. Après avoir écrit une chanson tous ensemble sur le thème de l'identité, ils ont imaginé deux scénarios en utilisant quelques phrases du texte initial. Ils ont pu ainsi mettre en valeur dans leur court métrage deux thèmes : le harcèlement scolaire et l'avenir, l'ambition. Ils ont ensuite imaginé les images, les plans, le son.

Comment les élèves ont-ils vécus ces quelques jours en immersion avec les artistes ? Qu'est ce qui a bien fonctionné, qu'est ce qui a moins bien fonctionné ?

Pendant les quelques jours en immersion avec Thomas Brousmiche et Pascal Boudet, on a découvert des élèves sous un autre jour. Certains se sont transformés en vrais acteurs et se sont révélés, d'autres derrière la caméra pour construire, imaginer la bande son de ce qui avait été filmé. On les a vus concentrés, impliqués, parfois même perfectionnistes.
La composition a plutôt bien fonctionné car les élèves étaient acteurs, assemblant les sons derrière leur ordinateur.
Le montage a moins bien fonctionné car ils étaient moins acteurs. Ils ont choisi les différentes prises et les assemblages. Leur regard a dû évoluer sur les images de film, la position de la caméra et les plans effectués prennent plus de sens.

La fermeture des lieux culturels et l'arrêt des sorties scolaires a quel impact pour vous ?

Pour enrichir la culture de nos élèves nous voulions leur proposer au moins un spectacle en lien avec la culture urbaine. Cette année, rien pour le moment. L'année dernière nous étions allés voir Robin Cavaillès, découverte du Beat box et l'année d'avant on a vu un spectacle de Slam (HDW). On aurait aimé voir un spectacle de danse ou de rap. C'est vraiment dommage et cela manque à notre projet, on a besoin de l'alimenter de l'illustrer pas seulement pratiquer.

Retour sur la «Fabrique Musique & Image» avec Carine Garnier et Nathalie Doiteau

Publié le 06/04/2021

Dans le cadre de la Fabrique Musique et Image de la Sacem, le collège Costa Gavras accueillait Thomas Brousmiche (Photographyk) et Pascal Boudet (Cyesm) en vue de l'écriture et de la composition musicale de courts métrages. Une Fabrique qui fait suite au partenariat engagé depuis 4 ans sur Connexions Festival. Rencontre avec les professeures référentes du projet : Carine Garnier, professeure d'Anglais et Nathalie Doiteau, professeure de Français.

C'est quoi la classe « Cultures Urbaines » du collège ?

Le projet de classe Cultures Urbaines existe depuis 5 ans au collège Costa Gavras ,qui compte déjà une classe à horaires aménagées cinéma et une classe Théâtre sur le niveau 3ème. Nous menons ce projet avec plaisir et notre motivation ne s'essouffle pas. Nous travaillons ce projet à raison d'une heure par semaine. Il s'agit de faire découvrir le hip hop aux élèves voire même de redorer son image. La pratique de l'écriture de textes personnels se met en place grâce à notre collaboration avec le rappeur Youkoff. Tout prend sens et forme le jour où l'on va au studio pour enregistrer les chansons qu'ils ont créées. Un atelier danse est aussi proposé ainsi que du beat box. Les élèves pourront ainsi en fin de parcours proposer un spectacle à leur famille. Le sujet de leur épreuve orale pour le brevet est ainsi tout trouvé.

Quel était/est le projet initial de votre action sur Connexions Festival ?

Le festival Connexions a permis de faire connaître notre projet et de nous faire connaître. La rencontre avec d'autres classes réalisant des projets sur le même thème que le nôtre a été une révélation pour nous et les élèves. Un vrai partage se fait entre les enfants et adolescents et ça fait plaisir à voir. Ils se dépassent montent sur scène (une vraie scène), ils sont dans la lumière et deviennent le temps d'une chanson de vrais artistes. L'idée c'est de montrer ce qu'on fait sans avoir honte, au contraire et c'est ce qu'on a pu réaliser grâce au festival Connexions.

Qu'est ce qui vous a décidé à participer à cette Fabrique Musique et Image ? Quelles étaient les objectifs pédagogiques et artistiques recherchés ?

Le projet prend de plus en plus d'importance et quand on nous a proposé de participer à cette Fabrique Musique et Image, cela nous a tout de suite enthousiasmées. Ecrire une chanson, puis un scénario, mettre en images et en sons un texte écrit par les élèves, pour nous c'est l'aboutissement de tout ce qu'on a pu mettre en place depuis déjà plusieurs années. Bien évidemment tout prend sens et nous sommes très fières d'avoir pu participer à ce nouveau projet qui complète le nôtre. Après avoir écrit une chanson tous ensemble sur le thème de l'identité, ils ont imaginé deux scénarios en utilisant quelques phrases du texte initial. Ils ont pu ainsi mettre en valeur dans leur court métrage deux thèmes : le harcèlement scolaire et l'avenir, l'ambition. Ils ont ensuite imaginé les images, les plans, le son.

Comment les élèves ont-ils vécus ces quelques jours en immersion avec les artistes ? Qu'est ce qui a bien fonctionné, qu'est ce qui a moins bien fonctionné ?

Pendant les quelques jours en immersion avec Thomas Brousmiche et Pascal Boudet, on a découvert des élèves sous un autre jour. Certains se sont transformés en vrais acteurs et se sont révélés, d'autres derrière la caméra pour construire, imaginer la bande son de ce qui avait été filmé. On les a vus concentrés, impliqués, parfois même perfectionnistes.
La composition a plutôt bien fonctionné car les élèves étaient acteurs, assemblant les sons derrière leur ordinateur.
Le montage a moins bien fonctionné car ils étaient moins acteurs. Ils ont choisi les différentes prises et les assemblages. Leur regard a dû évoluer sur les images de film, la position de la caméra et les plans effectués prennent plus de sens.

La fermeture des lieux culturels et l'arrêt des sorties scolaires a quel impact pour vous ?

Pour enrichir la culture de nos élèves nous voulions leur proposer au moins un spectacle en lien avec la culture urbaine. Cette année, rien pour le moment. L'année dernière nous étions allés voir Robin Cavaillès, découverte du Beat box et l'année d'avant on a vu un spectacle de Slam (HDW). On aurait aimé voir un spectacle de danse ou de rap. C'est vraiment dommage et cela manque à notre projet, on a besoin de l'alimenter de l'illustrer pas seulement pratiquer.

Interview croisée : Serguei Spoutnik et Thomas Belhom

Publié le 08/02/2021

Ouvrons cette année avec deux identités créatrices fortes qui nous parlent de leur process et de leur façon de vivre ce monde incertain.

De quoi parle votre musique ? 

Serguei Spoutnik : Ça parle des fenêtres… Qui ne s’est jamais retrouvé le soir à regarder, à travers une fenêtre, ces moments volés dans la lumière chaleureuse des maisons ou des appartements de parfaits inconnus ? Dans cet EP « Subject, Verb, Complement », cette fenêtre c'est une caméra de vidéo surveillance ou une chaîne Youtube confidentielle. Mais alors que deviennent ces scénettes volées lorsqu’elles sont dépourvues de présence humaine ? La pièce de théâtre devient une contemplation, un terrain de golf une œuvre d’art. De par leurs vertus thérapeutiques, la fenêtre, l’écran, transmettent et reflètent de l’intérieur vers l’extérieur, de l’intérieur vers l’intérieur…

Thomas Belhom : Ma musique parle essentiellement de liberté, la liberté de tracer son chemin bien à soi, de s'écarter des styles déjà pré-établis par lesquels il est facile de se revendiquer. Je pense qu'une empreinte sonore existe au même titre que celle sur le doigt, rare et unique. Par conséquent, se renouveler, se surprendre font partie de la création, se chercher, se trouver, se perdre aussi, en tout cas user de cette liberté d'aller où j'ai envie avec la musique pour toucher les gens. L'art permet de toucher l'autre sans le toucher physiquement, c'est pour ça que pendant les confinements c'est si essentiel.

Quel est votre processus créatif ? 

S.S : Je me suis défini plusieurs périmètres pour cet EP. Comme le fait de n’utiliser qu’un seul instrument, un synthé Roland alpha juno ou de n’utiliser que des pistes enregistrées sur VHS en une seule prise. Chaque titre est une petite bande originale d’une des 5 vidéos que j’ai réalisé pour cet EP. L’édition est faite également sur VHS et les voix sont composées et enregistrées après les pistes de synthés.

T.B : Stuart Staples des Tindersticks avec qui j'ai beaucoup collaboré me disait qu'il faut laisser la chanson venir à soi plutôt que de forcer les choses. Il y a d'autres processus explorés avec le groupe : Animat (Paul Rogers, Cédric Thimon, et moi) où nous alternons des moments très composés à l'avance avec des idées venant strictement des improvisations. Le processus créatif aujourd'hui bénéficie de l'apport des technologies, je peux chercher des idées en groupe ou seul en enregistrant tout le temps avec une qualité permettant (presqu'à chaque fois) d'être utilisé directement sur l'album.

Comment 2020 a-t-elle impacté votre rapport à la musique et votre situation sociale ? 

S.S : Musicalement, elle s’est traduite par l’arrêt brutal de mon groupe de musique QDRPD et par la naissance du projet solo Serguei Spoutnik. D’un point de vue social, on va dire que j’ai essayé de ne pas refaire le premier confinement qui avait été pour ma part une opportunité de couper les ponts avec le monde extérieur. Ce n’était pas si mal pendant quelques semaines pour se concentrer sur les projets mais pour le deuxième confinement, j’ai instauré des habitudes avec les amis pour ne pas perdre le fil et la boule…

T.B. : Le début d'année 2020 était très dynamique pour moi, jusqu'à la mi-mars ; je tournais en première partie des Tindersticks, j'avais un nouvel album à défendre et d'autres concerts étaient envisagés après mars. Quand tout s'est arrêté, ce fut comme une sorte d'apocalypse et personne à l'époque ne savait où nous allions, j'ai aimé l'incertitude des premiers mois. Comme il me fallait trouver de l'argent (je ne suis pas intermittent du spectacle), j'ai donc fait de la livraison en camion. C'était une pause forcée avec la musique, je l'ai apprécié parfois mais très vite le rapport humain lors des concerts, l'enjeu de monter sur scène, toutes ces caractéristiques du spectacle vivant sont venues enfreindre la notion de liberté, et de se sentir soi-même vivant.

Comment vous projetez-vous dans ce monde incertain ?

S.S : Dès que les salles pourront rouvrir, j’ai le projet d’aller voir en concert des artistes que j’admire. Je veux traverser la France pour les voir... ou la rocade ! Cela me manque énormément et j’espère que ce manque est partagé, que cela créera un sursaut exceptionnel. Mon projet musical n’est pas professionnalisé, c’est un choix, ça l’a toujours été et pour le coup je ne suis pas réellement impacté par cette crise. Je pense que le public sera au rendez-vous, l’attente étant tellement longue, mais les artistes le seront-ils toujours avec autant d’enthousiasme après cette année catastrophe pour eux ? Je l’espère...

T.B : Le futur je le vois sans visage, parce que nous portons tous des masques et parce que j'ai du mal à l'envisager. Je ne pense pas que l'on puisse continuer comme avant. Les lieux où se rassemblent les gens pour partager de la musique pourraient être plus sobres, plus petits et moins prétentieux, ça ne serait pas plus mal. Malheureusement, beaucoup de ces structures, maisons de disques, salles de concert, ont déjà mis la clé sous la porte. Pour la plupart, il s'agît déjà de se relever financièrement, j'espère qu'elles seront aidées et qu'elles se multiplieront. Je rêve de lieux où s'exerce la pensée avec les arts et avec des gens qui se cherchent plutôt que des lieux de divertissements où les gens s'oublient.

Pour suivre les actus de Sergueï Spoutnik et Thomas Belhom, rendez-vous sur :

Serguei Spoutnik

Thomas Belhom :

Retour sur le projet autour de "La Collection" avec Clelia Vega

Publié le 04/02/2021

De novembre à décembre 2020, dans le cadre d'un projet porté conjointement par le service Éducation de la Ville, les Médiathèques du Mans et Superforma, les enfants des accueils de loisirs de la ville du Mans ont mis en musique "La Collection" de Marjolaine Leray, lauréat du Prix du Livre Vert Antoine de Saint Exupéry, avec la complicité de l'artiste Clelia Vega.

Nous en avons profité pour échanger avec elle sur ce chouette projet !

Clelia, qu'est ce qui t'as motivé à accepter ce projet ?
La nouveauté, je n’avais encore jamais fait ça. Et puis le livre, bien sûr ! Quand le projet est arrivé, en lisant le livre une multitude d’idées ont traversé mon esprit, il y avait plein de place pour écrire quelque chose autour et je me suis dit que ça allait être fun à mettre en place. Un peu fastidieux peut-être, mais super fun.

Comment as tu imaginé le travail avec les enfants des accueils de loisirs et comment ça s'est passé sur le terrain ?
J’ai eu envie de les faire jouer. Il y avait plein de choses à faire avec Julius et les animaux, j’ai eu envie de leur donner une voix, et comme j’allais travailler avec pas mal d’enfants sur deux centres de loisirs ça me paraissait faisable. J’avoue m'être un peu appuyée sur l’idée que les enfants sont très spontanés et assez peu soucieux du jugement de l’autre (ce qui est assez faux, en vérité) et qu’on allait pouvoir leur demander d’interpréter des choses, d’imaginer, de fouiller dans leurs expériences pour trouver le ton juste, etc.  Bon ça c’était en pratique. Sur le terrain, en arrivant avec mes petites phrases à enregistrer, j’ai réalisé que les enfants avec lesquels je travaillais étaient d’incroyables acteur-ices !! Avec des personnalités et un imaginaire puissants, des voix incroyables, des ressources pour s’aider les uns les autres quand ils sont en difficultés - souvent bien meilleures que celles que je pouvais leur apporter. Même si j’ai un métier qui laisse la part belle au jeu, à l’imaginaire, à la création, bon, ça commence à se voir un peu que je ne suis plus une enfant...

Quelles sont les problématiques et/ou les spécificités rencontrées lors de la réalisation de ce projet ?
Je voulais que les enfants aient une vraie place. En plus d’en faire des acteur-ices, j’avais prévu de les faire enregistrer une grosse partie du bruitage de la bande son. J’avais fait une liste du type de sons que je recherchais, pour les prévenir un peu en amont, en leur demandant de réfléchir avec les animatrices à utiliser des objets présents dans les centres. Ce sont les enfants du centre Chasse Royale qui s’en sont occupé, et j’ai découvert le jour de l’enregistrement qu’ils avaient trouvé des trucs hyper ingénieux ! J’ai été super bluffée. Je ne peux rien raconter… ça ne se fait pas de révéler les tours des magicien.ne.s !!! Au final je dois composer avec un sacré paquet de samples (pas loin de 300), alors c’est comme un puzzle, faut d’abord trouver les coins, tout ça…

Quel bilan tires-tu de cette action ?
J’étais déjà très emballée par l’idée du projet, par le projet du projet. Là, arrivant au moment où l’on ajuste toutes les pistes, je suis encore plus emballée qu’au début. J’avais des idées pour eux, et ils ont fait 10 fois plus que ce que j’avais prévu. Je me marre tout le temps pendant le montage, en plaçant leurs rires, leurs cris, leurs interjections, ça me rappelle les enregistrements, et je les revois avec leurs mimiques, leurs propositions, leurs idées, leurs questions - "vraiment on va pouvoir crier très très fort ? ».  C’était magique et j’espère de tout mon coeur que ça leur a plu autant qu’à moi ! Ensuite, c’est important de mentionner que l’équipe globale était vraiment top, que ce soit Dalenda à la mairie, Eve-Anne à Superforma, et Jennifer et Sylvie, les animatrices qui encadraient les enfants pendant la préparation et les enregistrements, c’était idéal comme conditions de travail. Tout le monde s’est investi, dans la bonne humeur et avec un bon esprit. Le pied !

On recommence demain ?
Ahem, va pas falloir me demander deux fois : OUI !